tag:blogger.com,1999:blog-71171242409807146552024-02-08T06:58:08.110+01:00La Retraite de Russie m'a tuéMoi, François Louis Vandevoorde, fusilier au 21e régiment de ligne, je vais vous raconter ma Campagne de Russie. Conscrit de 1807, j'espérais retrouver les miens en ce début d'année 1812 après mes cinq années dans la Grande Armée. Mais je ne me fais plus d'illusions...SylvieJhttp://www.blogger.com/profile/13659956261491506585noreply@blogger.comBlogger31125tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-23747250292294443372012-12-03T20:29:00.000+01:002013-03-30T15:35:17.705+01:00Voir Vilnius et mourir<br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Nous avons trouvé de quoi faire de la bouillie. Nous avions même réussi à nous faire un abri mais un coup de vent l’a emporté. Il ne faut pas dormir… Ou seulement quelques heures. Pour ne pas se transformer en cadavres. Il y en a partout. </span><br />
<u1:p></u1:p> <br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Encore un pas, encore un autre. Avec Dujardin on parle du pays. Il me raconte Hem, mais je ne pense qu’à Lille. J’imagine la rue Lepelletier… Je me vois courir vers mon père… Et cela m’aide à avancer.</span><o:p></o:p><br />
<u1:p></u1:p> <br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">4 décembre</span><o:p></o:p><br />
<u1:p></u1:p> <br />
<u1:p></u1:p><span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Avec Dujardin, nous nous encourageons l’un l’autre en chantant. Non pas la victoire qui pousse la barrière, ni la trompette guerrière ni même et surtout pas l’oignon frit à l’huile ou la jolie Fanchon qui aime à rire, qui aime à boire. Mais plutôt, en sourdine, la chanson d’un soldat qui va mourir à sa fiancée… « <em>Rose, l’intention de la présente, Est d’m’informer de ta santé, J’suis en Lituanie d’ou je pense, Partir bientôt pour chez les morts… Pour chez les morts</em>… »</span><o:p></o:p><br />
<u1:p></u1:p> <br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Mes lèvres se collent, mes yeux pleurent, mes larmes gèlent… C’est heureux de ne pas</span> <span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">être seul. De lutter ensemble contre le froid. De se frictionner mutuellement le visage et les mains. Beaucoup ont perdu des doigts, certains leur nez, d’autres encore des parties plus intimes…<o:p></o:p></span><br />
<br />
<span style="font-size: 18pt;">5 décembre </span><span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;"><o:p></o:p></span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>«<em> Quoi qu’ça qué qu’chose qui m’enrage, D’êt’ fait pour mourir loin du pays, Au moins quand on meurt au village, On peut dire bonsoir aux amis, bonsoir aux amis, lalala…»<o:p></o:p></em></span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">On marche</span> <span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">et on glisse et on tombe… Certains réussissent à se mettre à genoux. Puis chutent à nouveau, rougissant la neige de leur sang. Ne pas les regarder. Avancer. Avancer encore.<o:p></o:p></span><u1:p></u1:p><br />
<br />
<o:p> </o:p><span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">L’enfer sur terre. Vous vous réfugiez dans une maison : elle peut se retrouver démolie poutre par poutre pour la brûler. Pire encore : des compagnons devenus fous peuvent y mettre le feu alors qu’elle est encore debout et vous à l’intérieur. Pendant que d’autres en plein délire se jettent dans les flammes dans l’espoir de se réchauffer…Et que leurs corps grillés…Et que leurs corps grillés… Je n’en dirai pas plus…<o:p></o:p></span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">6 décembre<o:p></o:p></span><br />
<br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Maintenant, avec Georges Dujardin, nous marchons seuls. Comme des frères. Il n’y a plus d’amis dans cette folie blanche. Que des loups dominants prêts à dépouiller de plus faibles. <br />
« <em>Au moins quand on meurt au village, On peut dire bonsoir aux amis, On a sa place derrière l’église, On a son nom sur un’ croix de bois, Où l’on n’espère que la payse, Viendra pour prier quelquefois, pour prier quelquefois lalala…</em> » </span><o:p></o:p><br />
<u1:p></u1:p> <br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhp4AZscINHVOXyBuDN1redCVt1XSryGQ-MuHZd3lRpEl9Tqic7zjj-GSuABkOUB0ONzXYJzZAUlUeVzxRRcqr4yC-4iybaZDPN7zMhyphenhyphenpkzI8L5dBGh5QH5X5-if2RcHGlE8dz6HhYhvQ/s1600/Neige+6-12.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhp4AZscINHVOXyBuDN1redCVt1XSryGQ-MuHZd3lRpEl9Tqic7zjj-GSuABkOUB0ONzXYJzZAUlUeVzxRRcqr4yC-4iybaZDPN7zMhyphenhyphenpkzI8L5dBGh5QH5X5-if2RcHGlE8dz6HhYhvQ/s320/Neige+6-12.jpg" width="320" /></a></div>
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Et il n’y a plus rien à attendre de l’armée confiée par Napoléon à Murat. Marcher, marcher encore.<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p> <br />
<o:p>- </o:p><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><o:p><span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt; line-height: 115%;">36°. La température a encore chuté et Napoléon a quitté
l’armée. Il nous a abandonnés dans cet immense linceul blanc. Ceux qui étaient
au bout de leurs forces n’ont pas résisté davantage. L’Empereur est parti. Il
nous a laissés. Nous marchons entre la colère et le désespoir. Un pas. Encore
un autre…</span></o:p></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;">7 décembre</span></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhag9dPZcL46yDsySSYaY9cMzKAGPKL4T8T08WSP7plH_v8P-GQ6jxLRWSMrTZhb9G-WbYuFmsNcUuQXLZhwSSE1urhs56Ap8Ajgmdu1BrgKsPQHeMKYV9nNEUQfNGmGJsFEUVrGVsfxA/s1600/tour.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhag9dPZcL46yDsySSYaY9cMzKAGPKL4T8T08WSP7plH_v8P-GQ6jxLRWSMrTZhb9G-WbYuFmsNcUuQXLZhwSSE1urhs56Ap8Ajgmdu1BrgKsPQHeMKYV9nNEUQfNGmGJsFEUVrGVsfxA/s320/tour.jpg" width="236" /></a></div>
</span></span></span><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;"></span><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Vilnius est en vue – voilà la tour de Gediminas qui surplombe le château. Nous avons réussi. Nous sommes sauvés. Si nous avions un peu plus de vigueur, c’est en courant que nous foncerions vers la ville, vers la porte de l’Aurore…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p> <br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Satanés cosaques... Un groupe de cavaliers nous a pris en chasse en hurlant... J’ai eu beau courir… Je n’ai pu éviter un coup de sabre à la poitrine… Dujardin m’a relevé… Il dit que ce n’est rien... Qu’à Vilnius on va me soigner… Que demain tout ira bien…<o:p></o:p></span><br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">8 décembre <o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-family: Times New Roman; font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">«<em>Adieu Rose, adieu du courage, D’nous revoir i’n’faut plus songer, faut plus songer lalala</em>… » Dujardin a réussi à me trainer dans Vilnius… malgré la presse…porte de l’Aurore... Combien vont mourir ici… écrasés… étouffés… gelés?<o:p></o:p></span><br />
<br />
<o:p> </o:p><span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Dujardin m’a installé au pied d’une église... Puis il est allé chercher de quoi manger…Il est revenu les mains vides : les administrateurs des réserves de la Grande Armée… ne donnent rien aux simples soldats… qui n’ont pas de bon de ravitaillement !!!<o:p></o:p></span><br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Rien à manger… Impossible de me faire soigner... Ni surtout de se mettre à l’abri. Les habitants nous ont fermé leurs portes... Il y a des blessés et des morts dans les rues... Il fait si froid… Ma tête tourne… Je n’y vois plus goutte…</span><br />
<u1:p></u1:p> <br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2K-3Xo1Ob9EEEP-EnnbYwU6s51qhRuVdOJiFZv844FKHxJeAmwF2b2dl2FZnF3LjS9Rm9y4AHM3RzBfJnExVDgtbxByrjPJSbqPtlnURr7v5kGL6gZDy1PzcMAh5CQ2KATdtFSqWDlg/s1600/Mort-ok.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2K-3Xo1Ob9EEEP-EnnbYwU6s51qhRuVdOJiFZv844FKHxJeAmwF2b2dl2FZnF3LjS9Rm9y4AHM3RzBfJnExVDgtbxByrjPJSbqPtlnURr7v5kGL6gZDy1PzcMAh5CQ2KATdtFSqWDlg/s400/Mort-ok.jpg" width="400" /></a></div>
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Va-t-en Georges… Va-t-en… Moi c’est fini… j’irai pas plus loin... j’sens que j’m’en vas... T’iras voir mon père… Quoi qu’ça qué qu’chose qui m’enrage… D’êt’ fait pour mourir loin du pays… D’êt’ fait pour mourir… n’m’oubliez pas…</span><br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: 130%;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a><br />
<br />Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-85598225290273775402012-11-26T20:23:00.000+01:002013-03-30T15:17:10.677+01:00Revoilà Georges Dujardin<br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Nous nous sommes
réveillés sous une couche de neige. Toujours à l’arrière-garde, nous reculons
maintenant lentement peut-être pour laisser au reste de l’armée le temps de
passer la Bérézina. Mais nous ne savons encore ni où ni comment. Juste que nous
serons les derniers à atteindre le fleuve. <o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Je pourrais vous
dire que nous partons de bonne heure et marchons jusqu’à une heure avancée de
la nuit. Mais ce ne serait pas la vérité. Toujours à l’arrière-garde, nous
reculons lentement pour protéger le reste de l’armée.<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Nous marchons
mais le cœur n’y est plus. J’entends mes compagnons grogner lors des haltes :
pourquoi est-ce à nous seuls d’assurer la fuite des autres ? Pourquoi ne pas
nous disperser en petits groupes et accélérer ? Pourquoi s’obstiner à mourir
par bataillon entier ? Et la faim et le froid et la neige et la fatigue…<o:p></o:p></span><br />
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">27 novembre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Nous nous sommes
mis en mouvement ce matin à cinq heures et demie. On dit que nous marchons vers
Borissov. Mais je croyais que les Russes avaient brûlé le pont ?<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Nous venons
d’arriver à Stoudianka sur les bords de la Bérézina. Il parait qu’il y a encore
trois jours c’était un village mais il a été détruit pour construire les ponts.
Le fleuve est large d’au moins cent cinquante pas. On nous a raconté le travail
des pontonniers dans l’eau glacée. Des masses de traînards, de blessés, de
civils attendent sur la rive droite. Napoléon et la Garde et plusieurs Corps
sont déjà passés de l’autre côté. Il doit y avoir une bataille car on entend
tonner les canons.<o:p></o:p></span><br />
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">28 novembre<o:p></o:p></span><br />
<o:p> </o:p><br />
<br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Nous avons
franchi la Bérézina cette nuit après les survivants du 4<sup>e</sup> Corps. Le
froid était vif (– 40°), de grosses plaques de glace dérivaient sur le fleuve,
mais nous sommes passés relativement dans l’ordre. Cela n’a pas empêché
François Hazpin du 21<sup>e</sup>, de tomber du pont. On ne l’a pas revu.</span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZDKZ9PuCHLxzKFc9VcDUsJDFyIfZ0jffLDdgOahHzLV0nzwI8CXpzghcLx26rDGgPaABJiQ04ZMQ7dztg9v4MXny6867ZTFseGT7rtPUMn9mmHRudw7SpK398jGhzFf9KyALPSthuGg/s1600/b%C3%A9r%C3%A9zina+28+matin.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZDKZ9PuCHLxzKFc9VcDUsJDFyIfZ0jffLDdgOahHzLV0nzwI8CXpzghcLx26rDGgPaABJiQ04ZMQ7dztg9v4MXny6867ZTFseGT7rtPUMn9mmHRudw7SpK398jGhzFf9KyALPSthuGg/s320/b%C3%A9r%C3%A9zina+28+matin.jpg" width="320" /></a></div>
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Avec les soldats
d’Eugène, nous avons été envoyés en avant pour ouvrir la voie vers Zembin. Mais
nous n’étions pas de la bataille autour des ponts où se pressait la marée
humaine des traînards…<o:p></o:p></span><br />
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">29 novembre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">-30°. Le froid
est si intense que les Cosaques ont cessé de nous attaquer. Plus question
d’arrêter de marcher... Ceux qui s’arrêtent meurent... Dans un village, nous
avons trouvé des pommes de terre... </span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Avons écouté avec
indifférence la description des scènes d’horreur après la destruction des ponts
quand les Russes ont attaqué… <o:p></o:p></span><br />
<br />
<o:p> </o:p><br />
<br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">30 novembre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">J’ai marché au
côté du 7<sup>e</sup> léger. Au singulier. Il n’y a plus qu’un sous officier
dans ce régiment. S’il y a d’autres survivants, ils ne sont plus avec nous…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Il
fait de plus en plus froid… Les corbeaux gèlent en plein vol. Puis ils chutent
sur le sol. Je crois bien avoir lu une scène comme celle là dans le Charles XII
de Voltaire.<o:p></o:p></span><br />
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">1<sup>er</sup>
décembre<o:p></o:p></span><br />
<o:p> </o:p><br />
<br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">«Il neigeait, il
neigeait toujours ! La froide bise sifflait ; sur le verglas, dans des lieux
inconnus, on n'avait pas de pain et l'on allait pieds nus... » Ah non ce n’est
pas de moi. C’est Victor qui s’est mis à versifier en marchant. Le froid et la
faim ont chez certains des effets insolites... Mais je doute que dans son état,
et pieds nus, il aille loin.<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Encore quelques
jours de marche et nous serons à Vilnius. Ce n’est plus la Russie. Les
Lituaniens sont nos amis. Nous n’avons pas oublié l’accueil chaleureux qu’ils
nous avaient réservé en juin. Ni leur plat national à base de pommes de terre
et de viande… Ni leur bière… Un pas, encore un autre…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">2 décembre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Encore une scène
inimaginable. Et d’ailleurs vous ne me croirez pas… Alors que nous avions
trouvé refuge dans une grange, notre général Gérard a lancé à Davout : « Il y a
six mois votre corps d’armée défilait devant cette grange dans laquelle il
tient tout entier aujourd’hui. »<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;">Grand moment de
bonheur hier soir. Nous tentions de nous réchauffer auprès d’un maigre feu
quand j’ai entendu un accent, une voix que je connaissais. Je me suis penché
vers l’homme assis à ma gauche pour mieux le regarder. Il a levé la tête, un
peu méfiant puis il a souri dans sa barbe enneigée. C’était Dujardin, Georges
Dujardin, mon pays du Nord, le gars de Hem !</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png"><span style="color: windowtext; font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt; mso-no-proof: yes; text-decoration: none; text-underline: none;"><v:shapetype coordsize="21600,21600" filled="f" id="_x0000_t75" o:preferrelative="t" o:spt="75" path="m@4@5l@4@11@9@11@9@5xe" stroked="f">
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</o:lock></v:path></v:stroke></v:shapetype><v:shape alt="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" id="Image_x0020_1" o:button="t" o:spid="_x0000_i1025" style="height: 37.5pt; mso-wrap-style: square; visibility: visible; width: 150pt;" type="#_x0000_t75">
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</v:imagedata></v:shape></span></a><span style="font-family: "Times","serif"; font-size: 18pt;"><o:p></o:p></span>Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-37738463504645644942012-11-19T20:18:00.000+01:002013-03-30T15:42:33.689+01:00L'héroïque maréchal Ney<br />
<span style="font-size: 18pt;">Toute l’armée s’inquiète de l’absence de Ney
qui ne nous a toujours pas rejoints. Il y a eu une distribution dont ont été
exclus ceux qui étaient sans arme. Et un soldat de notre division qui nous
appelait à nous rendre a été tué d’un coup de pistolet par le général Gérard.
Pan ! <o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Il fait beaucoup
moins froid. Peut-être réussirons-nous à quitter la Russie avant les nouvelles
offensives de l’hiver russe. Mais nous causons surtout de Ney et du 3<sup>e</sup>
Corps. Ils nous ont remplacés à l’arrière-garde. Nous pourrions être à leur
place. Sont-ils retranchés dans Smolensk, tombés aux mains de l’ennemi, morts,
ou perdus quelque part dans la neige ? Il y a aussi des soldats d’autres corps
qui nous traitent de lâches pour ne pas les avoir attendus… <o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><span style="font-size: 18pt;">20 novembre<o:p></o:p></span><u1:p></u1:p><br />
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><span style="font-size: 18pt;">Il se dit que
Napoléon a donné l’ordre de fusiller ceux qui quittent les rangs. Je me demande
s’il y a encore assez d’hommes dans les rangs pour fusiller ceux qui en
sortent… <o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Ceux qui ont vu
Davout à son arrivée à Orsha racontent qu’il était –comme nous – à bout de
forces. Qu’il s’est jeté sur un bout de pain. Qu’il a fallu lui donner un
mouchoir pour qu’il se nettoie le visage… Toujours pas de nouvelles de Ney.
Nous commençons à parler du 3<sup>e</sup> Corps au passé…<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: 18pt;"><u2:p></u2:p>21 novembre<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Depuis que nous
avons été alertés par les acclamations annonçant leur retour, la joie s’est
répandue de bivouac en bivouac… Et nous rivalisons en commentaires élogieux sur
un exploit digne d’entrer dans l’Histoire, peut-être le plus beau fait d’armes
de cette campagne de Russie. De quoi je parle ? De Ney qui a réussi à rallier
l’armée. Lui et ses hommes se sont retrouvés encerclés par tous nos ennemis
rassemblés. Et ils ont réussi à les berner et à s’échapper. Je vais aux
nouvelles et je vous raconte le comment… <o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Les rescapés du 3e
Corps nous ont dit comment après avoir quitté Smolensk, ils s’étaient retrouvés
sur la neige rouge de sang du champ de bataille de Krasnoë. Qu’ils avaient cru
l’armée perdue ou toute entière vaincue. Que Koutousov avait envoyé à Ney un
émissaire pour lui demander de se rendre. Et que le Maréchal, sans barguigner,
l’avait fait prisonnier… Je crois qu’il va me falloir plusieurs veillées pour
tout vous raconter…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><span style="font-size: large;">22 novembre<o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">
</span><br />
<span style="font-size: large;"><o:p> </o:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">Nous revoilà à l’arrière-garde. Mais
avant de quitter Orsha, nous avons fait un grand brûlement. Des voitures, des
carrioles mais aussi des documents. Même Davout a dû jeter au feu son courrier.
Et nous avons abandonné des canons…<o:p></o:p></span></span><br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span></b><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p><u2:p></u2:p>J’avais
laissé les soldats de Ney face à toute l’armée ennemie. C’est alors que sous
une grêle de boulets et de mitrailles, ce diable de prince de la Moskowa a pris
son épée et qu’il a conduit le 3<sup>e</sup> Corps à l’assaut des lignes
russes. Une charge furieuse qui a épouvanté l’ennemi. Puis ils ont profité de
la nuit pour faire, sans bruit, marche arrière vers Smolensk…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">23 novembre<o:p></o:p></span><br />
<br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: 18pt;">J’avais repoussé jusque là le
moment de vous raconter à quel point nous sommes habillés de manière ridicule,
déguenillés, couverts de peaux de bêtes à peine écorchées, et la tête
enchiffonnée pour se garantir du froid… Certains portent même des vêtements de
femme… Mais ne le répétez pas. Il s’agit tout de même de la Grande Armée.<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><span style="font-size: 18pt;">Je vois que vous attendez la
suite du récit des soldats du 3<sup>e</sup>Corps. Donc Ney était reparti vers
Smolensk. Mais c’était une ruse. Comme de laisser des feux allumés et de
marcher, en pleine nuit, à la muette, vers le Dniepr. Un fleuve qu’ils ont
franchi l’un après l’autre sur une glace extrêmement fragile… Puis ils ont
attaqué un village plein de cosaques qu’ils ont fait prisonniers. Avant de s’y
reposer quelques heures… <o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;">24 novembre<o:p></o:p></span></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">
</span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;">Et voilà les hommes de Ney qui continue
leur récit : après avoir franchi le Dniepr et vécu bien des drames, ils
racontent qu’ils se sont à nouveau retrouvés face à des milliers de cosaques. <em>«
Ils sont à nous</em> » leur a crié le Brave des Braves. Et ils chargé avec lui
mettant l’ennemi en fuite. C’est ainsi, par une série de manœuvres aussi
hasardeuses qu’héroïques que le prince de la Moskowa, que suivait naguère une
armée, a réussi à sauver un millier de ses soldats.</span> <o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">
</span><o:p><span style="font-size: large;"> </span></o:p><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6QQA3uwDmpq-ojZJeZ134mWmDFORVe4Kb4YdVlAhw5A4DCiw6tbU2X3pZNLs87YRSknvQFgcplBy5n8II3cKSsNeQdDQp8ev8tAh17Ihv2sKd_9pWIgRyouh6_Av8reco6Tb3_gPQ9g/s1600/ney+-retraite.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="208" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6QQA3uwDmpq-ojZJeZ134mWmDFORVe4Kb4YdVlAhw5A4DCiw6tbU2X3pZNLs87YRSknvQFgcplBy5n8II3cKSsNeQdDQp8ev8tAh17Ihv2sKd_9pWIgRyouh6_Av8reco6Tb3_gPQ9g/s320/ney+-retraite.jpg" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><span style="font-size: large;">On dit que Napoléon a fait brûler les Aigles de tous les Corps. Que les
Russes ont pris Minsk et ses réserves. Et qu’ils ont détruit le pont de Borisov
: c’était LE point de passage de la Bérézina. Nous avions bien vu que les
officiers faisaient grise mine. Mais sans comprendre jusque là à quel point
notre situation était désespérée…<o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p><span style="font-size: large;"></span></u1:p><br />
<span style="font-size: large;">25 novembre<o:p></o:p><u1:p></u1:p></span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;"><o:p> </o:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">Le froid est de retour, moins vingt
degrés, et notre marche est à nouveau périlleuse. Ainsi quand l’un des nôtres
glisse, tombe et n’arrive pas à se relever, il peut se retrouver dépouillé de
ses chaussures et vêtements par l’un de ses compagnons, alors qu’il n’est pas
encore mort. Cela dit, s’il était mort, il serait gelé et on ne pourrait plus
lui enlever ses vêtements et ses chaussures…<o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-size: large;">
</span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">Au cours de cette retraite, nous avons
vu des soldats crever de rire au sens propre. Vous marchez aux côtés d’un
homme, ou alors il est assis à coté de vous au bivouac et d’un coup il semble
comme frappé de folie : il se met à rire sans raison – le cerveau gelé ? - et
il meurt…</span></span><u1:p></u1:p><o:p></o:p><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<u1:p></u1:p><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 18pt; line-height: 115%;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span></div>
<u1:p></u1:p><br />Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-60869720226412779002012-11-11T20:15:00.000+01:002013-03-30T15:26:15.464+01:00Le pillage de Smolensk<br />
<span style="font-size: 18pt;">Nous voilà enfin devant Smolensk. Mais les
mots me manquent : il y a des cadavres partout. Sur les rampes du Borysthène
que vous appelez peut-être le Dniepr, au pied des murailles, sur l’escarpement
de glace qui conduit à la haute ville…Que s’est-il donc passé ici ? Je vous
laisse, nous entrons…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">Des soldats entrés dans Smolensk il y a deux
jours nous ont tout raconté pêle-mêle; les grandes portes closes à ceux qui
n’étaient plus enrégimentés, les bousculades, les bagarres, les hurlements et
les morts. Puis la Garde a une nouvelle fois été la première servie : les biens
nommés Immortels ont reçu des vivres pour quinze jours avant que les autres
soldats n’obtiennent le moindre morceau de pain !!! Je promets demain de vous
dire la suite…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">12 novembre<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<br />
<span style="font-size: 18pt;">Revu le sergent Bourgogne. Je lui ai dit nos
malheurs. Il a été chercher une bouteille d’eau de vie et un petit sac de
farine avant de me raconter l’accouchement il y a quelques jours, en pleine
tempête de neige, de la femme de leur barbier. Il a ajouté que pour la protéger
du froid ils avaient pris les capotes de deux soldats morts dans la nuit.<o:p></o:p></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTK9VBWLBZK87vZsR3NgUWOwi8jqrgjUcZ6cYsbFZ5FttoTtlU6RyxFlWZ-LPJIEmaKCP0s3Ko3uAocR1x5-L-zQuQsm9SnGY3FP-L75aKMAW1u7g48PwradMUnkABk7cqnt_BPf8pcg/s1600/smolensk-novembre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="201" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTK9VBWLBZK87vZsR3NgUWOwi8jqrgjUcZ6cYsbFZ5FttoTtlU6RyxFlWZ-LPJIEmaKCP0s3Ko3uAocR1x5-L-zQuQsm9SnGY3FP-L75aKMAW1u7g48PwradMUnkABk7cqnt_BPf8pcg/s320/smolensk-novembre.jpg" width="320" /></a></div>
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Je termine mon
récit de ce qui s’est passé dans Smolensk quand les premiers soldats sont
arrivés, deux jours avant nous. Comme ces paresseux de riz-pain-sel n’ont pas
organisé assez vite la distribution des réserves, beaucoup des nôtres ont
décidé de se servir eux-mêmes : ils ont attaqué les entrepôts, défoncé les
tonneaux de biscuits et les tonneaux d’eau de vie. Et pris pour les tuer des
dizaines de chevaux – 300 ? - jusque dans les écuries. Tout cela a été mangé en
une seule journée. Davout a quand même réussi à nous organiser une distribution
de ce qui reste…<o:p></o:p></span><u1:p></u1:p><br />
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">13 novembre<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Je m’étais vanté
auprès de mes camarades que je connaissais quelqu’un à l’intendance qui allait
nous aider. Mais je n’ai pas trouvé Henri Beyle car il est déjà reparti. Dans
le logement qu’il occupait, j’ai découvert une esquisse de lettre adressée à
une comtesse où il a écrit : « <em>Tout ce qui n’a pas l’âme un peu forte est plein
d’aigreur, mais le soldat vit bien, il a des tasses pleines de diamants et de
perles. Ce sont les heureux de l’armée</em>…» Il a dû abuser de l’eau de vie…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>La recherche de
nourriture est à la fois notre seule occupation et notre principal sujet de
conversation. On m’a parlé d’un lieutenant du quartier général qui se vante
d’avoir apprécié une fricassée de chats. Un autre a dégusté une tête du chien.
Mais j’hésite à vous dire le plus épouvantable. Peut-être demain ?<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;">14 novembre<o:p></o:p></span></span></span><br />
<o:p><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span></o:p><br />
<span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">-25° ce matin et j’ai un peu de mal à
écrire tant mes mains sont gelées. Mais je crois que je vais aussi vous glacer
le sang avec ce récit. Alors que nous parlions une fois encore de boustifaille,
un soldat d’un autre régiment a murmuré qu’il avait su que des blessés
s’étaient nourris de la chair de leurs camarades morts… Il a tellement bien
décrit comment ils avaient découpé des lanières de cuisses avant de les faire griller
et de les mâcher qu’on l’a regardé avec effroi. Mais il nous a assuré que
lui-même n’en était pas…</span></span><o:p></o:p><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">
</span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Nous avons vu Napoléon et presque toute
l’armée quitter Smolensk par la porte de Wilna accompagnés d’un vent glacial.
Nous attendons l'arrivée de Ney qui était avec ses soldats à l’arrière-garde.
Pendant un très court instant je me suis demandé ce que ceux du 3<sup>e</sup>
Corps allaient avoir à manger quand ils entreront dans la ville?</span> <o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">15 novembre<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">Nous quittons
aujourd’hui Smolensk. Sur ordre de l’Empereur, nous n’emportons avec nous que
les blessés qui peuvent se rétablir en une semaine. Les 5000 autres, en
comptant aussi les malades, qui n’ont pas cette chance vont rester dans la
place, abandonnés à la compassion de l’ennemi. Mais l’horreur atteinte par
cette guerre est telle que je n’y crois pas du tout. Et eux non plus. Beaucoup
de ces blessés qui craignent la vengeance des Russes se sont installés à la
principale porte de la ville et supplient les conducteurs de traineaux ou les
voitures de leur faire une place…<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">Certains d’entre
nous se sont frottés avec ceux du 3<sup>e</sup> Corps tout juste arrivés à
Smolensk. Ils nous accusaient d’avoir vidé les réserves. On raconte aussi que
Ney s’est emporté face à Davout. Il se dit que nous ne partirons que demain.
Que nous allons marcher vers Minsk, plus à l’ouest, où il y a un dépôt très
important. C’est là que nous prendrons nos quartiers d'hiver.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;">16 novembre<o:p></o:p></span></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">
</span><o:p><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span></o:p><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Nous marchons depuis les premières
heures du jour. La température est glaciale, moins trente degrés et les
cosaques ne cessent de nous tourmenter.</span></span><o:p></o:p><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">
</span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;">Bivouac ce soir à Koritnia. Avez-vous
entendu parler de l’histoire du sacrifice des cents hussards de Hesse? Je ne
sais pas si elle est vraie. Mais pour protéger leur jeune prince Emile dans la
tempête de neige, quelques jours avant Smolensk, ils se sont tous massés autour
de lui avec leurs belles capes. <u2:p></u2:p>La chute est moins belle : le
lendemain matin, les trois quarts étaient morts.<o:p></o:p></span></span></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>17 novembre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">Alors que nous
marchions vers Krasnoë, nous avons entendu le bruit d’une canonnade très vive.
C’était l’ennemi qui s’en prenait aux régiments de Broussier. Davout a envoyé
notre division à leur secours. Nous avons fait au plus vite mais nous n’avons
sauvé que quelques centaines de soldats. Ils disent qu’ils étaient trois mille
quand ils ont quitté Smolensk.<o:p></o:p></span><u1:p></u1:p><br />
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;">Nous avions repris la route en
nous arrêtant de temps en temps pour attendre les soldats de Ney. Quand
soudain, en face de nous et sur notre gauche, est apparue toute l’armée
ennemie. Cette fois ce sont les soldats de Compans qui ont chargé pendant que
lui hurlait «On n’emportera pas les blessés». Puis ce sera à notre tour. Nous
allons tous mourir.<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: 18pt;">Mais voilà les bonnets à poils
de la Garde et les Russes qui les ont vus aussi reculent ! Et nous nous
précipitons tous pour nous réfugier derrière les rangs des Immortels dont on
disait tant de mal il y a encore quelques heures… Grâce à eux nous voilà
maintenant à l’abri derrière les murs de Krasnoë.<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>18 novembre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>En quittant Krasnoë
dans la nuit, à la muette, nous avons à nouveau été attaqués par les Russes.
Sans trop de mal même s’il se murmure que Davout y a perdu quelques affaires et
son bâton de maréchal. Mais hier, il a fait bougrement chaud, et c’est tout son
corps d’armée qui a failli partir chez le Père éternel…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">Un capitaine du 30e
de ligne qui a ramassé et protégé l’aigle de son régiment hier au cours de la
bataille va être décoré… Non je ne sais pas ou est le nôtre. Et non nous
n’avons pas de nouvelles de Ney. En l’attendant nous avons pris position à
Dubrovna en avant d’Orsha. Pas de nouvelle de Ney. <o:p></o:p></span><br />
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="font-size: 18pt; line-height: 115%;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span></div>
<u1:p></u1:p><u1:p></u1:p>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="font-size: 18pt; line-height: 115%;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span></div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-91338528664634758572012-11-01T15:46:00.000+01:002013-03-30T15:28:54.419+01:00A l'arrière-garde<br />
<span style="font-size: 18pt;">En traversant Gjatsk, nous avons vu ce qui
restait d’un convoi de ravitaillement venu de France et pillé par ces satanés
cosaques. Il n'y avait plus que des bouteilles de clos-voujeot et de
chambertin. Mais elles étaient vides. Un camarade de Dijon nous a dit que
c’était des vins de Bourgogne. Il voulait nous parler de leur robe et de leur
bouquet…Mais on lui a vite fait comprendre que puisqu’on n’avait pas pu les
boire…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p><u2:p></u2:p>Nous
voilà en train de nous frotter avec l’ennemi à hauteur du village de Tsarevo
Zaimiché. D’un côté il y a les Russes, de l’autre les cosaques. Nous devons
protéger un gué dans lequel se sont encore embourbés les soldats d’Eugène…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><span style="font-size: 18pt;">2 novembre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">Cette nuit sans
dormir, la neige qui tombe à nouveau et le froid… Nous avons marché en
détournant notre regard des blessés tombés des voitures… Il se dit que parfois
les cochers font exprès de passer dans des trous et des ornières pour s’en
débarrasser… Et que pourrions-nous faire, les porter sur notre dos ?<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>R’lan tan plan :
les ordres ont été donnés dans la soirée. Notre division, celle que commande le
général Gérard depuis la mort de Gudin, a été chargée d’assurer l’extrême
arrière-garde de la Grande Armée. Nous avons passé la nuit sans manger ni
dormir. Exclusivement consacrés au salut du reste de l’armée. <o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">3 novembre<o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">
</span><o:p><span style="font-size: large;"> </span></o:p><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">Alors que nous avancions dans la brume,
à une heure de Wiasma, des milliers de Russes et de cosaques nous ont attaqués
et ont coupé la route entre nous du 1<sup>er</sup> Corps et les soldats
d’Eugène. Toujours à l’arrière-garde de l’arrière-garde, nous chargeons à la
baïonnette sous le feu de l’artillerie… Sacré nom de Dieu en avant !<o:p></o:p></span></span><br />
<br />
<br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p><u2:p></u2:p>Brave
Ney qui est venu à notre secours avec toute une division. Nous avions réussi à
nous replier en ordre, par échelon, quand des milliers de traînards se sont
débandés à travers nos régiments emportant dans leur course folle beaucoup de
soldats. Deux officiers du 21<sup>e </sup>ont été tués dans cette bataille, le
lieutenant Charreau et le sous-lieutenant Ragot. Et quand nous sommes entrés
dans Wiasma, la ville brûlait…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;">4 novembre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><span style="font-size: 18pt;">On nous a rapporté
le désespoir de Davout. Il a très mal vécu notre relève à l’arrière-garde car
c’est une sanction. Napoléon est furieux contre notre maréchal, il nous a
trouvés trop lents. Est-ce qu’il a su les voitures enlisées, les chevaux morts,
les blessés abandonnés sur le bord des routes, les traînards, les hourrahs des
cosaques et les batailles, l’Empereur ?<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Enfin une bonne nouvelle : hier
soir les soldats de Ney nous ont remplacés à l’arrière-garde. Nous nous sommes
effondrés de fatigue dans le bivouac vite installé sur une hauteur. Dormir
enfin. Sans que pèse sur nous la responsabilité de l’armée. Vive l'Empereur!<o:p></o:p></span><br />
<br />
<span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">5 novembre<o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;"><o:p> </o:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">Il a neigé. Il faut marcher et surtout ne pas être pris par
les cosaques ou peut-être plus terrible encore par ces furieux de paysans
russes. Un des nôtres qui a réussi à rejoindre nos lignes nous a fait des
récits qui nous ont épouvantés… Nous partons, je vous les dirai ce soir…<o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">Plutôt mourir qu’être fait prisonnier.
C’est ce que nous avons tous pensé en écoutant celui des nôtres qui avait
réussi à se cacher pendant que les paysans se vengeaient sur ses malheureux
camarades, déshabillés, laissés nus dans le froid, frappés à coup de bâton ou
de lance, et pour finir, enterrés, alors qu’il en est persuadé, ils étaient
encore bien vivants…<o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">
</span><br />
<span style="font-size: large;"><o:p> </o:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">6 novembre<o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">
</span><br />
<span style="font-size: large;"><o:p> </o:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">Ce matin le soleil ne s’est pas levé.
Et nous avons de nouveaux ennemis : le froid, la neige et un vent furieux qui
nous bombarde de flocons si gros que même moi dans le nord je n’en ai jamais vu
de pareils. Et maintenant nous marchons en distinguant à peine celui qui marche
devant nous…<o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">
</span><br />
<o:p><span style="font-size: large;"> </span></o:p><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">Après vous avoir raconté le calvaire des nôtres quand ils
ont été pris par l’ennemi, il faut bien que je vous dise quelques mots du sort
de nos prisonniers russes. Et bien eux non plus ne vont pas très bien parce que
nous avons si peu à manger, qu’il n’y a rien pour eux. Et il se dit qu’ils
meurent de faim… Sur notre passage, nous avons aussi vu des corps de soldats
ennemis, le</span> <span style="font-size: large;">crâne fracassé. Peut-être qu’ils ne marchaient pas assez vite ?
Quand à les relâcher, c’est impossible. Il ne faut surtout pas faire savoir aux
généraux russes dans quel état nous sommes…<o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">
</span><br />
<div style="tab-stops: right 16.0cm;">
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>7
novembre<span style="mso-tab-count: 1;"> </span><u1:p></u1:p><o:p></o:p></span></div>
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Halte là ! Reculez
donc un peu et laissez cette casserole tranquille… A moins que vous n’ayez avec
vous un peu de farine ou de gruau ? Un morceau de cheval ? Un peu de graisse de
voiture? Rien du tout alors passez votre chemin…Seriez vous un général que cela
n’y changerait rien. Il n’y a que pour Davout que nous pourrions envisager de
faire une exception…<o:p></o:p></span><br />
<br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Avant de m’endormir
par ce froid glacial, j’avais dans la tête quelques phrases du Charles XII de
Voltaire, le livre que m’avait envoyé l’oncle d’Armentières : les canons jetés
dans les marais faute de chevaux pour les traîner, le manque de pain et les
hommes qui tombent morts de froid...C’était pendant l’hiver 1708 il y a plus de
cent ans. Et c’est maintenant.<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><span style="font-size: 18pt;">8 novembre <o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><span style="font-size: 18pt;">Vu une scène
pénible alors que nous venions de nous remettre à marcher : quelques soldats
morts, gelés, exactement dans la position dans laquelle ils s’étaient endormis
autour d’un feu désormais éteint. Et si demain c’était notre tour, si vous ne
me trouviez plus à notre rendez-vous ? Notre moral est au plus bas,
l’impression que tout cela va mal finir, qu’un compte à rebours mortel est
engagé… <o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>Nous de la 1ère
compagnie du 2e bataillon avons réussi jusque là à marcher ensemble. La
consigne c’est de ne pas nous écarter les uns des autres. C’est d’avancer. Sans
un regard pour les morts et les mourants tombés sur notre route…<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<br />
<span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">9 novembre<o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">
</span><o:p><span style="font-size: large;"> </span></o:p><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">Je ne l’ai pas vu par moi-même mais on
me l’a raconté : notre Davout a balancé un coup de poing dans la tête d’un de
ses </span></span><span style="font-size: large;">officiers qui venait de lui
frictionner le visage avec de la<span style="font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"> neige. Il n’a pas compris tout de suite que c’était
pour lui sauver son nez !<o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p></u1:p><span style="font-size: large;">
</span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">Smolensk – Smolensk – Smolensk : c’est devenu notre obsession. Encore un
pas et un autre. Encore un autre. Ne pas s’arrêter. Là-bas il y a du riz, de la
farine de l’alcool. Et même </span><span style="font-size: 18pt;">des
milliers de bœufs et de moutons… Il faut tenir jusqu’à Smolensk… <o:p></o:p></span></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><span style="font-size: large;">La neige qui continue à tomber
efface les traces de ceux qui nous précèdent, les corps de ceux qui sont
tombés, les squelettes des chevaux et les fusils que beaucoup de soldats, les
mains gelées, abandonnent, sans penser aux cosaques…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p>10 novembre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><span style="font-size: 18pt;">Alors que nous
avons repris notre pénible marche vers Smolensk, nous nous demandons combien
notre régiment compte encore de soldats? Quand le 21e de ligne est entré en
Russie, nous étions 4344. Combien aujourd’hui? Et ceux qui marchent avec moi de
tenter un improbable appel. Duchêne qui venait d’Indre-et-Loire vous l’avez vu
? Et Boisvert de Haute-Saône, Chandebeau du Maine-et-Loire, Cochy de
Valenciennes, Conreur de Jemmapes, Derameaux le cordonnier… Et s’ils sont
morts, au moins eux ne souffrent plus…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<span style="font-size: 18pt;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span><br />
<u2:p></u2:p><span style="font-size: 18pt;"><u1:p></u1:p><u2:p></u2:p>Nous
bivouaquons à l’abri près de l’endroit où Gudin a été mortellement blessé le 19
août dernier. Les jambes emportées par un boulet russe, il a eu la chance de
casser sa pipe en pleine gloire entouré par les siens. Et il n’aurait pas
supporté de voir beaucoup de ses soldats, à bout de forces, les mains gelées,
jeter leur fusil…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 18pt; line-height: 115%;"><o:p><span style="font-size: small;"> </span></o:p></span></div>
<u1:p></u1:p><u1:p></u1:p><br />Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-25909087201739292162012-10-23T07:33:00.000+02:002013-03-30T07:39:20.165+01:00La bataille de Maloïaroslavets
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;">Avons été réveillés
en pleine nuit par le bruit sourd d’explosions dans le lointain. On nous a dit
que c’était le général Mortier qui avait fait sauter le Kremlin. Vive
l’Empereur !<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;">Pauvres
blessés dont les convois sont des cibles faciles pour les cosaques. Un
infirmier m’a raconté que des ordres avaient été donnés pour leur évacuation.
D’abord les officiers puis les sous-officiers. Et ensuite, la consigne est de
préférer les Français.<o:p></o:p></span><br />
<br />
<o:p> </o:p><strong><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">24 octobre <o:p></o:p></span></strong><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<strong><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p>Il pleut toujours. Depuis que nous avons quitté l’ancienne
route de Kalouga, nous avons plus de peine à marcher mais nous marchons. Mais
beaucoup de voitures n’iront pas plus loin, les roues enfoncées dans le sable,
les essieux brisés, impossibles à tirer par des chevaux déjà épuisés…<o:p></o:p></span></strong><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><strong><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">Sacré nom de Dieu en avant ! Avec les soldats de Compans,
nous de la division Gérard avons chargé dans l’enfer d’une ville en flammes
nommée Maloyaroslavets. Une place déjà prise et perdue de multiples fois par
les hommes d’Eugène, et les Italiens de Pino – des blancs-becs - et de la Garde
royale. Mais nous avons réussi à placer des pièces en batterie en haut de la
colline. L’ennemi est bien plus nombreux que nous…Et pourtant il commence à
reculer…<o:p></o:p></span></strong><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;">25 octobre<o:p></o:p></span><br />
<br />
<br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;">Je voulais vous raconter
la fin de la bataille de Maloïaroslavets mais ce sera pour plus tard car ce
matin l’ennemi a failli ce matin s’emparer de Napoléon ! Il était sorti à
l’aube, à cheval, quand il s’est retrouvé au milieu de milliers de cosaques…Les
officiers qui l’accompagnaient ont dû sortir leur sabre pour le dégager. Et une
fois que l’Empereur a été tiré d’affaire, ceux qui étaient avec lui ont dit
qu’il avait ri de cette mésaventure…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p>Je
vois bien que vous attendez de connaître la fin de la bataille de Maloïaroslavets.
Les Russes ont fui, mais j’espère que quand cette victoire s’écrira dans les
livres d’histoire – quoiqu’avec un nom pareil c’est douteux – l’épouvantable
tableau que nous avons trouvé au matin ne sera pas oublié : des corps broyés
par les roues des canons puis brûlés par le feu mis par les Russes en évacuant
la ville… A moins que ce ne soit la conséquence des tirs de boulets. Toujours
est-il qu’ils ont fait retraite en abandonnant des milliers de cadavres et
vingt pièces de canon et qu’il est bien difficile de comprendre pourquoi ?<o:p></o:p></span><br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;">26 octobre<o:p></o:p></span><br />
<br />
<br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p>Puisque
nous sommes désormais l’arrière garde, nous avons regardé s’éloigner tous les
autres soldats. Puis nous avons tiré au canon et allumé une ligne de feux de
bivouac pour tromper l'ennemi. Nous ne sommes partis qu’ensuite…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;">Les
températures ont chuté et notre moral aussi : notre Corps, celui du maréchal
Davout, a été chargé de former l’arrière garde de la Grande Armée…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p>27
octobre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p>Même
si nous sommes partis bien après l’ensemble de la Grande Armée, nous avons
rejoint très vite les trainards, les civils et les femmes, Françaises et des
Russes, esclaves et volontaires… Il y a aussi ceux qui tiraient des charrettes
voire même des brouettes… Et ceux qui commençaient à jeter sur les bas-côtés
des tapis, des tapisseries, et des robes… Autant dire que question marche, nous
sommes très loin du pas accéléré et même du pas de route…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p>J’avais
gardé par devers moi le récit du sergent Bourgogne qui était de ceux qui ont
secouru l’Empereur le 25 octobre à l’aube. Il m’a raconté qu’un des officiers
s’était battu comme un beau diable avec les cosaques au point de perdre son
chapeau et son sabre, qu’il avait attrapé une de leurs lances, et qu’à ce
moment là, pris lui-même pour un cosaque dans cette mêlée, il avait été sabré
par un grenadier à cheval de la Garde. Là encore c’est vraiment trop bête. Mais
selon Bourgogne, ce courageux faux cosaque est toujours vivant.<o:p></o:p></span><br />
<br />
<o:p> </o:p><br />
<strong><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">28 octobre<o:p></o:p></span></strong><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<strong><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p>Avons piétiné longtemps avant d’entrer à Vereïa, à dix
lieues de Maloïaroslavets. Cette fois, ce n’était pas la faute des civils mais
des voitures du prince Eugène…</span></strong><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<strong><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">Et nous sommes repartis, toujours aussi lentement, en essayant de faire
avancer la masse de traînards qui se trouvent devant nous et que Davout ne se
résout pas à abandonner… Comme les chiens de berger d’un immense troupeau… Le
maréchal lui-même mettant parfois pied à terre pour rétablir l’ordre…<o:p></o:p></span></strong><br />
<br />
<o:p> </o:p><strong><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">29 octobre<o:p></o:p></span></strong><br />
<br />
<strong><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p>Les Russes brûlaient tout devant nous quand nous marchions
vers Moscou. Maintenant c’est notre tour à nous de l’arrière-garde. Nous
incendions leurs villages et leurs châteaux aussi loin que possible de notre
route, à droite comme à gauche. Et nous brûlons toute la nourriture et les
fourrages que nous ne pouvons emporter, quand nous en trouvons… Il ne doit rien
rester pour l’ennemi.<o:p></o:p></span></strong><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><strong><span style="font-size: 18pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-weight: bold;">Nous voilà arrivés à Borisov. Il commence à faire vraiment froid.
Ceux des nôtres qui nous précèdent ne nous ont rien laissé. Ils ont dévoré la
nourriture disponible et brûlé le reste sans penser à l’arrière-garde. Ceux qui
étaient près de lui nous ont dit la colère du maréchal Davout.<o:p></o:p></span><u1:p></u1:p></strong><br />
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;">30 octobre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;">Cette nuit va être
un cauchemar : nous bivouaquons sur le champ de la grande bataille près de
Borodino. La puanteur est épouvantable. C’est celle de milliers de cadavres
d’hommes, Français et Russes, et de chevaux; tous mutilés et déchiquetés
peut-être par des corbeaux… Ils sont restés là où ils sont tombés il y a deux
mois…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;">Nous sommes à moins
d’une lieue de Mojaïsk. Mais il se raconte que là-bas, les employés des vivres
vendent la nourriture au lieu de la distribuer… Trouver de quoi manger commence
à devenir une obsession. Nous n’avions reçu que quatre jours de vivres en
quittant Moscou il y a dix jours.<o:p></o:p></span><br />
<br />
<o:p> </o:p><br />
<br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;">31 octobre<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<br />
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p>Très
éprouvante cette marche à travers la plaine de Borodino. D’autant qu’il n’y a
pas que les cadavres. Il y a aussi les blessés que nous avons laissés il y a deux
mois dans le monastère de Kolotski. Ceux qui ne sont pas morts de faim se
traînent sur le bord de la route, ils nous supplient de les emmener avec nous…<o:p></o:p></span><br />
<u1:p></u1:p>
<br />
<o:p> </o:p><br />
<br />
<div style="margin-bottom: 12pt;">
<span style="font-size: 18pt; mso-bidi-font-weight: bold;"><u1:p></u1:p>Nous allons coucher ce soir à mi-chemin de Gjatsk. Avec nous
500 blessés français entassés tant bien que mal sur les voitures de notre
convoi. Nous ne pouvions pas les laisser mais nous avançons encore plus
lentement. Il se dit que nous sommes maintenant à deux jours de marche de
l’avant-garde…</span><o:p></o:p></div>
<br />
<div align="center" class="separator" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="color: blue; font-size: 15.5pt; mso-no-proof: yes; text-decoration: none; text-underline: none;"><v:shapetype coordsize="21600,21600" filled="f" id="_x0000_t75" o:preferrelative="t" o:spt="75" path="m@4@5l@4@11@9@11@9@5xe" stroked="f">
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</v:imagedata></v:shape></span></a><span style="mso-bidi-font-weight: bold;"><o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="font-family: "Times New Roman","serif";"><o:p> </o:p></span></div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-78254139588468321832012-10-18T07:07:00.000+02:002013-03-30T15:40:21.065+01:00Nous quittons Moscou<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span><br />
<span class="usercontent"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; mso-bidi-font-family: Tahoma;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;">L’ennemi a attaqué Murat tôt ce 18 octobre. Et cette fois ça ne nous a pas fait rire. Ils ont quitté leur camp retranché de Taroutino et ont pris les nôtres par surprise. Ceux qui y étaient racontent que les Russes étaient trop de monde et que les boulets tombaient comme de la grêle. Ils ont dû se replier…<o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"> <span class="usercontent"><span style="color: #333333; font-family: "Verdana","sans-serif"; mso-bidi-font-family: Tahoma;"><o:p> </o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Nous partons. Ce soir nous nous allons bivouaquer au-delà de la porte de Kalouga comme les soldats d’Eugène et de Ney. Nous avons reçu quatre jours de vivres, mais seulement des demi-rations de pain.</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"> 19 octobre<o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span><br />
<span class="usercontent"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; mso-bidi-font-family: Tahoma;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;">Une belle journée d’automne pour cette première journée de marche. Nous avons pris la route de Fominskoïe par Ignatova. Nous sommes partis vers le sud sans savoir où est l’ennemi ?<o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span><br />
<span class="usercontent"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; mso-bidi-font-family: Tahoma;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;">Dans la fraicheur, nous marchons depuis la pointe du jour. En tête du convoi, les soldats d’Eugène. Allons-nous venger Murat et donc livrer bataille ? Peut-être car nous avons laissé à Moscou nos éclopés…<o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span><br />
<span class="usercontent"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; mso-bidi-font-family: Tahoma;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;">20 octobre<o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span><br />
<span class="usercontent"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; mso-bidi-font-family: Tahoma;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;">Heureux sommes nous d’avoir passé la porte de Kalouga dés le 18 au soir. Ceux qui sont partis le lendemain ont eu toutes les peines à quitter Moscou. Un officier d’artillerie nommé Faber du Faur nous a décrit une ville engorgée par des files sans fin de voitures de toutes les espèces chargées de butin et de vivres, et par des centaines de canons…<o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"> <span class="usercontent"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; mso-bidi-font-family: Tahoma;"><o:p> </o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Au soir de cette deuxième journée de marche, nous commençons à faire tri dans notre paquetage. Ainsi chargés, nous n’irons pas loin. J’abandonne dans le bois où nous bivouaquons une belle robe en étoffe de soie que je voulais offrir à ma fiancée, après avoir vidé une bouteille de liqueur avec mes compagnons…</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;">21 octobre<o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"><o:p> </o:p><span class="usercontent"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; mso-bidi-font-family: Tahoma;">Ce que je peux vous dire, c’est que nous nous dirigeons vers Smolensk par la vieille route de Kalouga. Nous allons donc à la rencontre de l’ennemi là où il a attaqué Murat…<o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span><br />
<span class="usercontent"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; mso-bidi-font-family: Tahoma;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;">Avons entendu des coups de canon. On dit que ce sont des soldats de la Garde qui ont mis en fuite des cosaques qui attaquaient un de nos convois…<o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"> 22 octobre<o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"> <o:p> </o:p></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;">Il pleut comme vache qui pisse depuis l’aube. Et nous avons viré à droite en direction de<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>l’ouest. Nous avons donc quitté la route…<o:p></o:p></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuQh_O4N9hORGtctxmMX5zMGSpjjGw3hPUScyd4Gbcq5mosvnrYWEG1m8HYNa8lxeVSvrNfgHfH-aOcUFvkom9HePPowWO6bKKdblEU8rdMAfoxo65STTai5YXNxn6w8U3AGNbiaN-Pg/s1600/pluie1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="254" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuQh_O4N9hORGtctxmMX5zMGSpjjGw3hPUScyd4Gbcq5mosvnrYWEG1m8HYNa8lxeVSvrNfgHfH-aOcUFvkom9HePPowWO6bKKdblEU8rdMAfoxo65STTai5YXNxn6w8U3AGNbiaN-Pg/s320/pluie1.jpg" width="320" /></a></div>
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;"> <o:p> </o:p></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> </span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Nous du 1<sup>er</sup> corps avons rejoint en début d’après-midi la Garde impériale à Fominskoïe. On dit que l’Empereur est là aussi…<br />
<br />
</span><br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-46561575040761689082012-10-07T08:14:00.000+02:002013-03-30T07:41:12.333+01:00Les blessés quittent Moscou<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Ce n’est pas que j’ai beaucoup de religion mais j’ai été baptisé à la paroisse Saint-Etienne de Lille le lendemain du jour de ma naissance. Alors voir des églises transformées en écuries, ou entendre parler de soldats qui auraient déterré les os des tsars à la recherche de trésors, ça m’a comment dire, écœuré… </span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Je n’ai pas reçu de lettres ni de mon père, ni de ma fiancée. Ont-ils au moins reçu les miennes ? On dit que les estafettes ont de plus en plus de mal à atteindre les relais. Maudits cosaques</span>. <br />
<br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">8 octobre</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Et si je vous disais que dans ce Moscou tout juste sauvé du feu, des comédiens français ont interprété le Jeu de l’Amour et du Hasard…Oui c’est du Marivaux. Et non je n’y étais pas mais j’ai vu le carton d’invitation. Et on m’a dit que c’était joué de façon très drôle. Si le théâtre ouvre ses portes, c’est peut-être que nous allons rester ?</span><br />
<br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">9 octobre</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Vous avez vu mon beau plumet blanc et noir? D’accord les puristes vous diront qu’il n’est pas réglementaire. Et encore moins pour un simple fusilier de la ligne. Nous les simples soldats de l’infanterie, nous devons porter des pompons ou houppettes. Mais en cette année 1812, en matière d’uniforme, le règlement… </span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Brossons nos uniformes et dérouillons nos fusils. Il nous faut de l’émeri et de l’huile d’olive - où trouver de l’huile d’olive à Moscou ? – car il ne faut pas employer de substances grasses pour les parties en cuivre qui peuvent s’oxyder. On dit que Napoléon va passer en revue le 1er Corps demain. </span><br />
<br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">10 octobre</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Nous avons vu passer ce que nous appelons les charrettes de la mort. Un premier convoi de 1500 blessés a quitté Moscou hier. Il était sous les ordres du général Nansouty, qui a été blessé à la grande bataille sur la plaine de Borodino.</span><br />
<br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">La revue du 1er Corps c’est maintenant. Sauf pour nous. Napoléon verra demain notre division qui est commandée par le général Gérard depuis la mort de Gudin. Et nous sommes fin prêt. Enfin presque.</span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">11 octobre</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Voilà l’Empereur à son arrivée pour notre revue. Le maréchal Davout, visiblement guéri, l’accompagne. L’Empereur a tiré quelques oreilles et décerné plusieurs décorations. Je suis trop loin pour entendre ce qu’il dit à ceux qu’il a promus. Mais il a l’air très satisfait.</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Qui va en tuer le plus ? Des Russes ? Non des poux ! Ces petits parasites qui se gorgent de notre sang nous les écrasons entre deux ongles car ils nous démangent, c’est insupportable. On dit aussi qu’ils peuvent causer des maladies mortelles. Est-ce que vous savez si Napoléon sait que le pire ennemi de ses soldats, ce sont les poux ? </span><br />
<br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">12 octobre</span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">C’est maintenant notre principal sujet de discussion à la veillée par ces soirées d’automne russe de plus en plus froides. Si nous partons, qu’est-ce que nous emportons ? Il va falloir choisir dans notre butin. Car nous ce que nous emporterons, nous devrons le porter…</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Je vous ai déjà dit un mot de la mauvaise santé des chevaux ; ils sont atteints d’une maladie des intestins qui en tue plusieurs par jour. Ils tombent comme des mouches. Il ne resterait qu’un tiers de ceux qui ont passé le Niemen.</span></span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">13 octobre</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Regardez ce dur à cuire. C’est un sapeur qui a reçu la Croix des mains de l’Empereur. Il a sa vaisselle à l’air. Comme on le voit, il n’en pense pas moins. Et il en a des histoires sans fin à raconter aux blancs-becs et autres…Mais si ça barde, il sait quoi faire…</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Il neige ! Quelques flocons sont tombés sur Moscou. Est-ce le début du terrible hiver russe ? </span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">14 octobre</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Davout a réuni les chefs de corps. Il parait qu’il les a interrogés sur les moyens d’habillement et de subsistances. Je ne sais pas si c’est pour rester ou pour partir mais tout cela semble lui causer beaucoup de soucis…</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">On raconte que l’ordre a été donné d’arrêter à Smolensk tous les convois montant vers Moscou. Donc nous partons ?</span><br />
<br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">15 octobre</span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Croisé à l’instant un Henri Beyle tout énervé qui m’a raconté qu’il avait résisté comme un diable à un ordre d’aller à Smolensk s’occuper de l’approvisionnement de réserve. Il dit qu’il a très mal aux dents et qu’il est malade. Et il insiste pour ceux qui n’auraient pas compris : « Tout le monde s’en</span> <span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">apercevra bientôt si je ne trouve les moyens de me faire un ou deux pantalons ». Ce ne serait pas de la faute des poux mais de l’eau…</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">La neige qui était tombée a déjà fondu. Pas si terrible, l’hiver russe</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">16 octobre</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Je suis resté un bon moment à regarder les sapeurs de la Garde impériale qui décrochent les aigles impériales russes du haut des tours du Kremlin. Pour les souvenirs aussi il est trop fort, l’Empereur. </span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Il a eu beau pester, Henri Beyle a quitté Moscou. Il est parti avec un convoi de blessés en direction de Smolensk.</span><br />
</span><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">17 octobre</span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span> <br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Vous savez pourquoi appelle les convois de blessés les charrettes de la mort ? Parce que beaucoup vont casser leur pipe pendant le transport. Et je ne parle que de ceux qui ne sont pas déjà morts. Ainsi trois mois après une bataille, un sixième des blessés seulement le serait toujours. Certains sont guéris et ont repris leur place parmi nous. Et pour les autres, nous parlons de troupiers refroidis chargés de commission pour l’autre monde…<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span> </span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><br />
Le sergent Bourgogne m’a reçu dans ce qu’il est impossible d’appeler un bivouac. Il y avait sur le sol des fourrures d’hermines, de loups et même de lions. Et il m’a fait boire du punch au rhum de la Jamaïque en parlant du plaisir que nous aurions à retourner en France…</span><br />
<br />
</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: 130%;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
</span><br />Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-62806312388886958412012-10-04T06:11:00.000+02:002013-03-30T07:42:17.103+01:00Le plus bel incendie du monde<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Le plus beau moment de notre campagne de Russie? Quand nous avons découvert à la mi-septembre depuis une hauteur la capitale de la Russie et ses mille clochers en or... Notre fierté nous fait tout oublier, les marches interminables, la faim, les morts…Toute ma vie je pourrai dire: moi Vandevoorde, natif de Lille, j’étais de l’armée qui a conquis Moscou.</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Puis tout est allé de mal en pis. Non seulement les Russes ont quitté la ville sans se rendre - Napoléon a attendu en vain que des boyards lui en apportent les clés - mais ils y ont mis le feu. L’Empereur lui-même, le Kremlin cerné par un océan de flammes, a dû fuir à pied, dans une chaleur brûlante, en se protégeant le visage et les vêtements des flammèches. Il a tellement tardé à partir qu'il aurait pu y perdre la vie ont raconté ceux d’entre nous qui se sont précipités à son secours avec le maréchal Davout pourtant toujours blessé… </span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">C’est une bien vilaine chose qu’une ville qui brûle. Et quand nous sommes entrés dans la capitale de la Russie, le 21, notre rêve était passé : façades des palais noircies, maisons brûlées qui fument encore, débris de toutes sortes, cadavres des incendiaires attaqués par des corbeaux, et tout cela puait horriblement.</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Nous nous sommes installés dans le faubourg de Kalouga qui n’a pas brûlé et dans un tiers de la ville du coté de Kalouga et de Toula. Et nous y sommes toujours. </span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;">Seul le colonel François Parguez, l’aide de camp de Morant, a trouvé le moyen de nous faire rire. Il a raconté qu’il avait tenté de rassurer son épouse en lui écrivant ces quelques lignes : «<em>La prise de Smolensk, la prise de Moscou et toutes les prises que j’ai faites ne doivent pas t’inquiéter plus que celles que je prendrais si j’avais du tabac dans ma tabatière...»</em></span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;">Davout, je vous l’ai déjà dit, a été blessé pendant la grande bataille où nous nous sommes chauffés avec les Russes sur la plaine de Borodino. Blessé où ça ? Au bas-ventre… Ce qui a fait sourire certains… même si nous sommes tous très attachés à notre Maréchal qui est tout de même resté avec nous ce 7 septembre 1812. Car comme il le dit souvent : <em>«Un Maréchal ne doit quitter le champ de bataille et son commandement que lorsqu’il n’a plus de tête.»</em></span></span><br />
<em><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span></em><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Puis notre Grande Armée a commencé à se décomposer : beaucoup de nos soldats soûls comme des Suisses, ont abandonné leur uniforme et revêtu des fourrures, des habits chinois et turcs et autres tenues extravagantes… Puis nous sommes tous devenus de vulgaires pilleurs. Et moi aussi. Car comment résister à de telles tentations après de telles privations ? Si les maisons ont brûlé, comme les boutiques, leurs caves sont pleines de bouteilles de vin de bière de liqueur mais aussi de jambons de poissons de farine de fruits confits et nous voilà tous comme des enfants devant ces trésors…Jusqu’à pour certains à déterrer dans l’église du Kremlin les os des tsars à la recherche de trésors. Moi qui n’ai pas beaucoup de religion, ça comment dire, écœuré… Et Si je vous disais qu’au Kremlin, des fantassins ont dû payer 5 francs à des grenadiers et à des chasseurs à pied de la Garde pour pouvoir conserver les quelques subsistances qu’ils y avaient trouvées.</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Ceux qui sont passés devant le Kremlin et ont repéré le bureau de l’Empereur assurent qu’il ne cesse de travailler pour nous. En témoignent les deux chandelles allumées jours et nuit à sa fenêtre… Mais selon un camarade qui sert au Kremlin et je ne sais pas s’il faut le croire, il ne sait plus trop quoi faire aujourd’hui. Il réuni ses maréchaux en ce début octobre puis les aurait congédiés, irrité qu’il était de leur rejet de son nouveau plan de conquête de Saint-Pétersbourg.</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"><span style="font-size: large;">J’ai quand même fait des connaissances intéressantes. Celle d’un curieux garçon nommé Henri Beyle. Il n’a pas trente ans, il est à l’intendance, et il tient des propos cocasses. Il m’a affirmé que l’incendie de Moscou était le «<em>plus bel incendie du monde</em>» dont il aurait pu «<em>jouir</em>» s’il avait été «<em>seul ou entouré de gens d’esprit</em>…» Et d’un sergent Bourgogne de la Garde impériale qui, vous ne voudrez</span> <span style="font-size: large;">sans doute pas le croire, a organisé un soir un bal costumé. Imaginez ces grands gaillards de la Garde impériale dansant, en mesure, sur «<em>On va leur percer le flanc</em>», habillés en boyards russes et en marquis.</span></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Enfin d’un compagnon qui a son frère dans la cavalerie : beaucoup de chevaux sont si affaiblis qu’on ne peut les lancer au galop. Eux aussi méritaient un peu de repos. Mais ils sont toujours à l’avant-garde avec Murat. Lequel a failli être fait prisonnier. Tombé dans une embuscade, il a dû se réfugier dans un carré d’infanterie. Nous, ça nous a bien fait rire. Lui qui s’était persuadé que les cosaques le voulaient comme chef ! Car pendant ce temps là, nos ennemis continuent à nous harceler…</span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: 130%;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-35583052788760250402012-09-13T18:06:00.000+02:002013-03-30T07:43:12.699+01:00La bataille de Borodino<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">Je ne sais pas quel bout commencer à vous raconter ces quinze derniers jours. Peut-être en vous précisant que nous marchons actuellement à quelques lieues de Moscou après une grande bataille où nous, comme nos ennemis, avons perdu beaucoup d’hommes.<span style="mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><o:p></o:p></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">Nous sommes arrivés dans la plaine de Borodino en suivant les pentes de la Moskova le 5 septembre. Le lendemain le portrait du roi de Rome a été exposé devant la tente de l’Empereur. Je me suis dit que s’il était plus vieux, il aurait été ici autrement qu’en peinture… Et la bataille a commencé à l’aube du 7 avec la canonnade. On ne nous avait pas distribué d’eau de vie. Nous nous sommes battus le ventre vide. <span style="mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><o:p></o:p></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">Le capitaine de notre compagnie nous a placés en demi-cercle avant de nous lire une proclamation de l’Empereur. Ce que j’en ai retenu ? Que cette bataille «tant désirée» dépendait de nous. <span style="mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><o:p></o:p></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyRb-9Tf0NngXqia9fP2C_ZY_7ykCQ9KpO2Gtaf-fh0GeTS6xJpw5BH2K-bFQ11A03cEKnShRs3OZBIkbBP6HpWUg07hLUd1Gp5Qjc0fS45cTBzeM9O5-GLQ6jETziRjm701d4rs55Jc2M/s1600/borodino-plan.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="327" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyRb-9Tf0NngXqia9fP2C_ZY_7ykCQ9KpO2Gtaf-fh0GeTS6xJpw5BH2K-bFQ11A03cEKnShRs3OZBIkbBP6HpWUg07hLUd1Gp5Qjc0fS45cTBzeM9O5-GLQ6jETziRjm701d4rs55Jc2M/s400/borodino-plan.jpg" width="400" /></a></div>
<span style="font-size: large;">Qu’elle allait nous donner «l'abondance, de bons quartiers d'hiver et un prompt retour dans la patrie ». Et que nous pourrons dire : « Nous étions à cette grande bataille sous mes murs de Moscou. »</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">Nous nous sommes dirigés sous les tirs de mitrailles et de boulets vers un mamelon fortifié et armé de batteries, c’est la grande redoute.… Tout au long de la journée, nous allons prendre puis perdre et reprendre cette position. Comme la pente était raide, les boulets volets au-dessus de nos têtes. <span style="mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><o:p></o:p></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">Nous avons attaqué encore et encore, sacré nom de Dieu, en avant ! Un combat terrible, plusieurs fois pêle-mêle avec les Russes. Certains des nôtres chantaient la Marseillaise en chargeant à la baïonnette… J’ai essayé de secourir Vacherot tombé à mes cotés mais le coup était trop mortel… Puis nous avons combattu par-dessus les cadavres d’hommes et de chevaux, des cadavres d’hommes sous les cadavres de chevaux… dans le boucan des canonnades et les gémissements des mourants…<span style="mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><o:p></o:p></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_FtHxC_EbB1x8-pC2rZ_eZvXogrBCBC4MUOrrXp1XWzmnDY9Y3yl_i2S4NCGmp7LKVUFkScd2xVLyHWaIdC_J2iskemvF2SGWXcI3frsD0AUFOi_t4QCkDSh3JAf_PZd7SBNO3BbA_jCJ/s1600/borodino.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_FtHxC_EbB1x8-pC2rZ_eZvXogrBCBC4MUOrrXp1XWzmnDY9Y3yl_i2S4NCGmp7LKVUFkScd2xVLyHWaIdC_J2iskemvF2SGWXcI3frsD0AUFOi_t4QCkDSh3JAf_PZd7SBNO3BbA_jCJ/s400/borodino.jpg" width="400" /></a></div>
<span style="font-size: large;">Mais les Russes refusaient obstinément de quitter le champ de bataille. Pour les y contraindre, tous nos canons vont vomir la mort.</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">Au réveil, sous une pluie froide, nous avons appris que pendant la nuit, l’ennemi avait fait retraite, sans rien laisser sur son chemin. Il n’y aura plus de combats aujourd’hui.<span style="mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><o:p></o:p></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">« Attention aux blessés ! » C’est en progressant à travers le champ de bataille que nous sommes repartis à la poursuite des Russes. L’ami Goguelat en a fait la meilleure description en parlant d’un « vrai champ de blé coupé : au lieu d’épis, mettez des hommes ». J’ai compté vingt Russes morts pour un Français. Partout des morts, des mourants, des blessés. Je ne vous décris pas les membres épars, têtes, bras, jambes…On m’a même parlé d’un de nos soldats amputé des deux jambes et d’un bras. Encore vivant, « plein d’espoir et même de gaieté».</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<o:p><span style="font-size: large;"> </span></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">Sur le champ de bataille de Borodino, nous avons pillé les cantines des Russes et pris le peu de farine et d’eau de vie qui leur restaient ? Nous avons aussi fait griller la viande des chevaux morts avec le bois des crosses des fusils…<span style="mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><o:p></o:p></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">En rejoignant le 1er Corps, nos camarades nous ont raconté que pendant la bataille, ils avaient cru Davout mort. Mais le mort c’était son cheval tué sous lui par un boulet – lui qui avait juste perdu connaissance un instant avant de reprendre son commandement… A pied.</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<o:p><span style="font-size: large;"> </span></o:p><span style="font-size: large;">Dans la bataille, notre régiment, le 21e, a perdu un grand nombre de soldats et d’officiers dont les lieutenants Bouvier et Demangeon tués sur la plaine de Borodino… Il ne reste que 24 hommes de notre compagnie de 140 que nous étions… </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">Donc nous marchons maintenant vers Moscou et il y a un peu de rancœur dans les rangs où il se dit que pendant que nous cassions notre pipe sans sourciller dans la plaine de Borodino, Napoléon n’a pas fait donner sa chère Garde. Il aurait juste consenti à jeter dans la bataille quelques dizaines de ses pièces d'artillerie. Et voilà pourquoi les Grognards sont Immortels !</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span style="font-size: large;">Enfin juste avant la bataille, l’une des pires qui aient jamais existé, l’un de ceux qui m’écoutaient lire à la veillée le Charles XII de Voltaire est passé me dire qu’un prisonnier russe avait répondu par un seul mot à une question sur ce que l’ennemi allait faire maintenant : «Poltava ».A vous aussi j’ai raconté en juillet ce que je savais de cette bataille de 1709 où les Russes ont rossé les Suédois… Ils voulaient faire de même avec nous. Ils ont échoué…</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: 130%;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
</div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-72131546173154992252012-08-24T15:42:00.000+02:002013-03-30T07:45:04.338+01:00La mort de Gudin<span style="font-size: large;">J’ai beaucoup à vous raconter cette fois : deux batailles et un grand malheur.</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Nous avons rejoint le 1er Corps de Davout le jour de la Saint-Napoléon juste après le passage du fleuve Borysthène ou Dniepr, c’est comme vous voulez, dans une presse horrible. Personne n’était là pour régler le passage…</span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">La découverte le lendemain de la ville de Smolenks nous a impressionnés : elle est située sur une montagne, entourée d’une muraille haute de trente pieds, et protégée par des dizaines de tours. Il se dit que même les maisons sont crénelées…Cela n’augurait rien de bon…</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5IiWt3tnWoW7Y5QtkGgXEzPiJYnCkd2PuH77AzBFxNGhC5hNLJQcFSXoYqu9GtYvgPIDvgW_f0UOb1konqeZEb1ZNyLi6pm823hCXxkZ7VnW6b7A4vAIhnIm2LSbXUyigmEG77Oxcwy9B/s1600/charge2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="235" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5IiWt3tnWoW7Y5QtkGgXEzPiJYnCkd2PuH77AzBFxNGhC5hNLJQcFSXoYqu9GtYvgPIDvgW_f0UOb1konqeZEb1ZNyLi6pm823hCXxkZ7VnW6b7A4vAIhnIm2LSbXUyigmEG77Oxcwy9B/s320/charge2.jpg" width="320" /></a></div>
<span style="font-size: large;">En première ligne devant cette forteresse avec les 1ere et 2e divisions, nous avons reçu recevoir l'ordre de faire attaque en même temps… Il y a eu un feu d'artillerie puis sacré nom de Dieu, nous sommes partis en avant ! Nous avons chargé les Russes à la baïonnette... Nous les avons poursuivis jusque dans les fossés de la ville où nous les avons fusillés ensuite à bout portant...</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Les faubourgs de Smolensk sont tombés vers 5h de l’après-midi le 17. Mais quand nous avons atteint les murs de la ville, nous n’avions rien pour les franchir… Juste se jucher sur les épaules des uns et des autres, sous le feu de l'artillerie russe...</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Il a fallu attendre l’aube pour que des brèches s’ouvrent dans la muraille. Mais quand nous sommes entrés dans la ville à travers d’épaisses colonnes de fumée, elle brûlait. A cause des obus jetés çà et là par l’artillerie? Peut-être. Mais il se dit aussi que les Russes ont mis le feu avant de fuir pour nous priver de leurs réserves. Nous avons pris Smolensk pour rien…</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Nous ne nous sommes pas attardés dans les ruines fumantes de Smolensk. Mais sur-le-champ sommes repartis à la poursuite des Russes…L’avantage c’est que nous évitons ainsi les corvées de ramassage des cadavres; des centaines de Français, des milliers de Russes... On parle de les brûler…</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Nous de la division Gudin, nous nous sommes engagés sur la route de Moscou. Les Russes seraient sur les hauteurs d'un endroit nommé Valoutina.</span><br />
<span style="font-size: large;">Le 19 A deux kilomètres à l’est de Valoutina, les soldats de Ney étaient en difficulté face à des Russes repliés derrière un ruisseau fangeux. Un pont qu’ils avaient détruit a été rétabli juste avant notre arrivée. C’est alors que nous avons vu Gudin, notre général, se mettre hardiment à la tête de notre division…En colonnes d’attaque, nous avons défilé sur le pont au cri de Vive l’Empereur! sous le feu de l’artillerie et des tirailleurs…</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Et nous avons gravi la côte, et nous nous sommes jetés sur des grenadiers qui nous attendaient à la pointe de leur baïonnette…les avons repoussés jusque sur le plateau mais voilà qu’ils attaquent de nouveau…nous reculons…</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Gudin s’est porté porte en avant…la mêlée est terrible… un corps à corps à l’arme blanche… Il a mis pied à terre, l’épée à la main… Et soudain cette terrible nouvelle qui s’est répandue dans nos lignes : un boulet a fracassé les deux jambes de notre général !</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRJMOD1MHpZTCTPPKWAQx9TPMHGJdlm08gSsTz12R_qC6WGaI3BsOLEv1FnmIKVCEWGAavOR2M0JN5LE6miYVsIrjkw7bfm5If_JVrKQT_iZ8XDlMSS6FW5_d0sszq5P8bzPeP5dL17cGH/s1600/mort+de+gudin.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRJMOD1MHpZTCTPPKWAQx9TPMHGJdlm08gSsTz12R_qC6WGaI3BsOLEv1FnmIKVCEWGAavOR2M0JN5LE6miYVsIrjkw7bfm5If_JVrKQT_iZ8XDlMSS6FW5_d0sszq5P8bzPeP5dL17cGH/s320/mort+de+gudin.jpg" width="320" /></a></div>
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Gudin blessé, le général Gérard a pris le commandement. Et nous sommes repartis à l’attaque contre l’infanterie russe avec furie. Nous avons bien vengé notre général. Nous avons fait un carnage affreux…</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Nous avons ramené le général Charles Étienne Gudin à Smolensk avec peu d’espoir que les chirurgiens puissent le sauver. Et là, beaucoup ont vu et raconté une scène difficile à croire : le maréchal Davout en larmes à son chevet…</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Gudin est mort le 22. Toute l’armée le pleure. Il se murmure que juste avant, il a dit: «<em>Ils m'ont sacrifié...Je n'accuse personne, mais Dieu nous jugera.»</em> A la veillée, on charge Ney qui n’a pas attendu les renforts... Et aussi Murat et même Junot je ne sais trop pourquoi…</span><br />
<span style="font-size: large;"></span><br />
<span style="font-size: large;">Si vous passez par Lille, merci de répéter à mon père ce que dit le 14e Bulletin de la Grande Armée : A Valoutina, «<em>la division Gudin attaqua avec une telle intrépidité que l'ennemi s'était persuadé que c'était la Garde</em>». Vous le trouverez rue Lepelletier, près du marché aux fromages. Mais ce n’est pas la peine de lui dire qu’il a failli me perdre. A Valoutina, j’ai failli moi-même avoir les deux jambes coupées par un boulet. Il m’a renversé mais j’en ai été quitte pour me ramasser…</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: 130%;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-14404457775325896742012-07-29T15:39:00.003+02:002013-03-30T07:44:26.387+01:00Nous tombons comme des noix<span style="font-size: large;">Je vous écris trois jours après un grand combat à Vitebsk. Il a commencé vers 2h du matin et dura jusqu’au soir sans discontinuation. Le lendemain, notre division a tourné la gauche des positions russes…Mais les soldats du Czar se sont à nouveau dérobés… Si vous vous dis que je n’ai pas encore tiré un coup de fusil?</span><br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1R_TAMd5tQClExuxZYLRGhAlaHCmzrieqmUOl0tja0SkFKkeX6vyUBWIWYrADzFO_xJx7iOccUhqgAGDvdO5uOoBfikyUtn-eeRjjHUog588-IyGeJNFuLc-9f5ZAEn30F5AUK4irQZH4/s1600/M-Murat2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1R_TAMd5tQClExuxZYLRGhAlaHCmzrieqmUOl0tja0SkFKkeX6vyUBWIWYrADzFO_xJx7iOccUhqgAGDvdO5uOoBfikyUtn-eeRjjHUog588-IyGeJNFuLc-9f5ZAEn30F5AUK4irQZH4/s320/M-Murat2.jpg" width="260" /></a><span style="font-size: large;">Il faut que je vous raconte que notre division, celle du général Gudin, a reçu l’ordre à la fin du mois de juin de passer le pont de la Vilnia pour se mettre à la disposition du maréchal Murat. Nous qui respectons beaucoup le discret maréchal Davout, nous voilà sous les ordres du <i>«roi Franconi </i>». Mais oui Franconi comme cet écuyer du cirque de Paris, parce que le roi de Naples est un cavalier que tous admirent mais aussi - surtout ? - parce qu’il est réputé pour ses uniformes extraordinaires…</span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">Davout est donc parti de Wilna pour se mettre à la poursuite de Bagration vers le sud-est. Il pris Minsk et Borissow avant de rosser ce général russe à Mohilev. Sans nous. J’enrage.</span><br />
<span style="font-size: large;">Et pendant ce temps, avec mes camarades de la division Gudin, nous avons pris position à Ouchasseh. Je vous entends rire : «Oucha?» Et n’essayez pas de nous trouver sur une carte, enfin pas avec cette orthographe. Je l’ai écrit comme on nous l’a dit…et pas avec les drôles de petits caractères des gens d’ici…</span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">Puis nous avons poursuivi les forces de Barclay de Tolly vers le nord-ouest. Nous ne l’avons pas rattrapé malgré une poursuite épuisante. Il se dit que la division a déjà perdu 4000 hommes, des malades, des déserteurs et autres maraudeurs… Napoléon a donné des ordres, que les soldats coupables de pillage ou de maraudage «sur les derrières de l’armée», qui «<i>déshonorent le nom français</i>», doivent être arrêtés, jugés en cour martiale et fusillés !!! Mais je croyais que vivre sur les ressources du pays, comme ils disent, c’était les consignes ?</span><br />
<span style="font-size: large;"><br />
</span><span style="font-size: large;">Un cosaque est tombé entre les mains des cavaliers du 3e chasseurs. Ils l’ont «<i>démonté puis envoyé à pied à Wilna pour y être interrogé</i>".</span><br />
<span style="font-size: large;">Le 15 de ce mois de juillet, des soldats du général russe Wittgenstein sont sortis de leur camp retranché de Drissa pour attaquer par surprise la cavalerie légère commandée par le général Sébastiani de la Porta – un Cousin de l’Empereur. C’était l’avant-garde de Murat. On dit qu’il y a eu des pertes assez considérables, que les cavaliers avaient dû mettre pied à terre, et fuir en traînant leurs chevaux exténués par la bride. Ne vous inquiétez pas pour nous. La division Gudin était encore à Orcha avec Murat lui-même. </span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">Sous cette chaleur, Nous tombons comme des noix... Et bien l’Empereur qui se soucie de ses soldats a ordonné le repos de l’armée. Le cours de la Düna et du Borysthène vont marquer la ligne française. Nous avec Murat allons être cantonnés depuis Orcha et Dubrowna jusqu’à Vitepsk et Sauraij…</span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">Voilà-t-il pas que les Russes nous ont envoyé un message pour dire qu’ils ne fuyaient pas devant nous...Qu’ils allaient accepter le combat et que notre retraite sera difficile… «<i>Où avons-nous battu en retraite devant vous?» </i>s’est moqué un grenadier…</span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">J’ai profité de ce cours répit pour vider mon havresac. L’oncle d’Armentières ne reconnaitrait pas son Voltaire gondolé par la pluie et la chaleur. J’ai tout de même retrouvé Charles XII et ses soldats en juillet 1709 un peu plus au sud d'ici, à treize grandes lieues du Borysthène quand même…Il va y avoir une grande bataille pour prendre la ville de Pultava ou Poltava et ses abondantes réserves de vivres. Les soldats regardaient cette prise «comme la fin de toutes leurs misères» écrit Voltaire. Je vous en recauserai…</span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">En attendant, l’un d’entre vous peut-il transmettre à mon père qui habite rue Lepelletier à Lille ce commentaire du général Armand-Augustin Caulaincourt après nous avoir vu, nous, les soldats de Davout franchir le Niemen, le 24 juin dernier: <i>«Les hommes du 1er corps étaient remarquables par leur excellent comportement et leur tenue exemplaire. Sortant de leurs bons cantonnements, aguerris aux ordres d’un commandant qui les avait entraînés longtemps et efficacement, ils pouvaient rivaliser avec la Garde.» </i></span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: 130%;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-37572969012815573722012-06-29T12:24:00.000+02:002013-03-30T07:45:30.463+01:00Nous passons le Niémen<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwRzySW46T_osBDXl6ZLWud9VbXgXeATy16Hi-iive1iiIlKegJaubUBJcVNiM_vYPqmnO-6_qnZxib6fPDImfxW5UxygZ2-qjaT7owk8mmDFCFD6JlSLbCqF258S7919_Llkv-syUMOh-/s1600/confettis-3.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwRzySW46T_osBDXl6ZLWud9VbXgXeATy16Hi-iive1iiIlKegJaubUBJcVNiM_vYPqmnO-6_qnZxib6fPDImfxW5UxygZ2-qjaT7owk8mmDFCFD6JlSLbCqF258S7919_Llkv-syUMOh-/s320/confettis-3.jpg" width="226" /></a></div>
<span style="font-size: large;">Je l’avoue j’ai un peu négligé ce récit sur ce blog. Mais les évènements se sont précipités et vous savez peut-être déjà que nous sommes entrés en Russie depuis plusieurs jours sans rencontrer le moindre soldat russe. Le seul récit au jour le jour que je parviens à assurer, c’est celui de <a href="https://www.facebook.com/laretraitederussiematue?sk=wall">ma page Facebook.</a></span><br />
<span style="font-size: large;">Donc ce 28 juin 1812, les Lituaniens nous ont accueillis avec joie à notre arrivée à Wilna avant de nous aider à réparer le pont sur la Vilnia. Les magasins russes brûlaient quand nous sommes</span> <span style="font-size: large;">arrivés…</span><br />
<span style="font-size: large;"> </span><br />
<span style="font-size: large;">Nous étions repartis de Thorn le 7 en colonnes à l’extrême gauche de la Grande Armée avec l’intention comme l’a écrit le grenadier -tirailleur Delvau à sa famille, d’arranger «<i>bientôt ce petit empereur de Russie à la sauce blanche</i>». </span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">A Gumbinen, le 18 juin, nous les soldats de la division Gudin nous nous sommes rassemblés avec ceux de Friant. Il était plus de 4 heures du soir quand Napoléon nous a passés en revue. Puis il a parlé aux premiers rangs, il a reconnu les plus anciens, savait tout de leurs batailles et de leurs blessures.</span><br />
<span style="font-size: large;">Le 21 nous avons atteint Kowno sur le Niemen et il nous a été interdit de faire du feu.</span><br />
<span style="font-size: large;"><br />
</span><span style="font-size: large;">Dans la nuit du 23 au 24, trois ponts de bateaux ont été jetés sur le fleuve. Puis tôt ce matin, nous avons mangé la soupe et on nous a lu une proclamation de Napoléon qui parlait d’une seconde guerre de Pologne, de la Russie qui violait ses serments, des soldats d’Austerlitz qui n’étaient pas des «<i>dégénérés</i>» : la Russie <i>«nous place entre le déshonneur et la guerre, le choix ne serait être douteux. Marchons donc en avant ; passons le Niémen, portons la guerre sur son territoire</i>». Et de tous côtés, a résonné un Vive l’Empereur ! crié par les soldats de la plus Grande Armée de tous les temps</span>.<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-JGxDPCHT1IIM4FVK34JKM2SgJFwUmzK44bNfJq3LDgqTfsR6pYSTxIfVJeM2QZu-S4HhlFRNKIJZlBvngl897NZp2mnzIsSDgCKlz2awuHuqdlMhyGG0s3uetXuJ4f0IteouYV_apIHv/s1600/niemen-der-fleche.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="235" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-JGxDPCHT1IIM4FVK34JKM2SgJFwUmzK44bNfJq3LDgqTfsR6pYSTxIfVJeM2QZu-S4HhlFRNKIJZlBvngl897NZp2mnzIsSDgCKlz2awuHuqdlMhyGG0s3uetXuJ4f0IteouYV_apIHv/s320/niemen-der-fleche.jpg" width="320" /></a><span style="font-size: large;">Et le lendemain j’ai traversé le Niemen parmi les premiers sous le regard de Napoléon installé sur la hauteur la plus élevée. Parmi les premiers... après trois compagnies de voltigeur du 13e léger, une cinquantaine de sapeurs, la cavalerie légère et quelques autres. Mais c’est bien la division Gudin qui a été la première à franchir le fleuve. Et dés le point du jour, nous étions rangés en bataille dans la plaine en colonnes serrées par bataillons. Un terrible orage a éclaté dans l’après-midi. Mauvais présage ?</span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">Enfin nous, les soldats du 1er corps qui formions l’avant-garde de l’armée, n’avons vu sur la route vers Wilna par Zislory et Jewe, que des cosaques qui fuient à notre approche en mettant le feu aux granges et aux châteaux. Ils n’ont laissé ni bétails ni chevaux ni vivres… Ils avaient même retiré les bureaux de douanes de la frontière. Après une marche pénible, dans une chaleur lourde et sous la pluie, des bivouacs dans la boue et nos réserves en vivres épuisées, nous voilà donc enfin à Wilna.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: 130%;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-85433146891229480242012-05-25T15:36:00.002+02:002013-03-30T07:46:45.195+01:00Le CharlesXII de Voltaire <br /><span style="color: black;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="font-size: large;"><span style="color: black;">Puisque nous ne sommes toujours repartis vers la Russie, j’ai repris à la veillée le </span><a href="http://ouestuvandevoorde.blogspot.fr/p/la-2e-campagne-de-russie-de-charles-xii.html"><span style="color: black;">CharlesXII de Voltaire</span></a><span style="color: black;"> – oui celui que m’a envoyé l’oncle Castrique d’Armentières - à la page où le roi de Suède «<em>avait fait apporter du biscuit pour la subsistance de son armée</em>.» Comme nous ! «<em>Rien ne l’arrêtait dans sa marche</em>.» Comme nous ! <br />
« <em>Après qu’il eut traversé la forêt de Minski, , il se trouva le 25 juin 1708 devant la rivière de Bérézine, vis-à-vis Borislou</em>.» Bérézine, Bérézine ce n’est pas avec un nom comme ça qu’on entre dans l’histoire.</span></span></div>
<br /><span style="color: black;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="color: black; font-size: large;">Le czar s’y était donc retranché pour <em>«empêcher les Suédois de passer la rivière</em>». Voltaire raconte que <em>«Charles posta quelques régiments sur le bord de la Bérézine, à l’opposite de Borislou, comme s’il avait voulu tenter le passage à la vue de l’ennemi. Dans le même temps il remonte avec son armée trois lieues au delà vers la source de la rivière</em>» et «<em>y fait jeter un pont</em>». </span></div>
<br /><span style="color: black;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="color: black; font-size: large;">Avec mon Voltaire, je suis devenu le diseur de la veillée. Je raconte le czar qui fuit en évitant les affrontements devant les Suédois de Charles XII à l'automne 1708. « <em>L’avantage demeurait presque toujours à ces derniers; mais ils s’affaiblissaient, à force de vaincre dans de petits combats qui ne décidaient rien, et où ils perdaient toujours du monde.</em> » Et là, si je sens l’attention diminuer, je dis Cric et chacun sait bien, n'est-ce-pas, ce qu’il faut répondre…Crac.</span></div>
<br /><span style="color: black;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="color: black; font-size: large;">Cric-Crac c’est simple non ?</span></div>
<br /><span style="color: black;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="color: black; font-size: large;">Continuons donc avec la campagne de Charles XII en Russie en 1708. Il <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>y a eu une grande bataille à Smolensko où le roi des Suédois a bien failli être pris. Mais il remporta encore la victoire. Voltaire a écrit qu'ils étaient alors à «environ cent de nos lieues françaises» de Moscou et que «<em>l’armée n’avait presque plus de vivre».</em> C’est alors que Charles XII pris une décision vraiment surprenante. Il a décidé de ne pas aller batailler à Moscou mais de se rendre en Ukraine. Ce que personne ne savait, c’est qu’il avait conclu une alliance avec un Polonais nommé Mazeppa qui était devenu général des Cosaques et qui s’était révolté contre le Czar…</span></div>
<br /><span style="color: black;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="color: black; font-size: large;">Mais les plans de Charles XII se sont écroulés : les Russes ont «<em>taillé en pièces</em>» ses alliés Cosaques avant qu’ils ne rejoignent les Suédois écrit Voltaire. Presque toute l’artillerie et tous les chariots se sont «<em>embourbés ou abîmés dans les marais</em> ». Et les renforts venus de Suède, attaqués eux-aussi n’ont pu apporter «ni munitions, ni armée». Ni vivres. Ça va mal finir…</span></div>
<br /><span style="color: black;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="color: black; font-size: large;">«Charles osait faire de longues marches de troupes pendant ce froid mortel. Ce fut dans une de ces marches que deux mille hommes tombèrent morts de froid sous ses yeux.» En lisant à mes camarades attentifs ce que Voltaire a écrit de la tragédie de l’armée suédoise en Russie pendant le terrible hiver 1708, je vois bien que leur angoisse monte. Mais je les rassure : Napoléon n’est pas Charles XII et notre campagne de Russie n’aura pas lieu en hiver mais en été.</span></div>
<br /><span style="color: black;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="color: black;"><span style="font-size: large;">Reste que quand un pasteur passant par notre camp nous a décrit l’hiver vigoureux qui nous attendait au fond de la Russie, notre dénuement, nos misères. Et il qu’il a prédit : «<em>Peu d’entre vous reviendront</em>.» </span><span style="font-size: large;">Il a jeté un froid.</span></span></div>
<br /><span style="color: black;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="font-size: large;"><span style="color: black;">Sinon je peux aussi vous dire qu’il se bruite que Napoléon fait fabriquer des faux billets en monnaie russe à Paris. Pour que la guerre nous coûte moins cher. Et surtout qu’il a quitté la capitale le 9 mai pour venir passer en revue la Grande Armée de la Vistule. C'est-à-dire nous !<span style="line-height: 115%; mso-bidi-font-size: 8.5pt;"><o:p></o:p></span></span></span></div>
<br /><span style="color: black;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;">
<span style="background-color: white; color: black;"></span><br /></div>
<span style="color: black;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="color: black; font-size: 130%;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-58404542888156003532012-04-19T11:34:00.006+02:002013-03-30T07:47:16.980+01:00Sur la Vistule<div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigRpHrYR5pLoiF4HDLoCXmc6FftlyRlP_zZ92Hr7qb-CluY2KPY8v320A_4kNO05dRAEo8rCfKOpTkyPlb-FVvY0CFTv3YzpfFfRqxAjQxXIAAGufgtqy-jdU6eXuv-iseqPdZQk0tyUPU/s1600/Lunettes+vertes+3.jpg"></a><br />
<div>
<div>
<span style="font-size: 130%;">Je vous écris de Thorn sur la Vistule où nous sommes arrivés le 10 avril avec l’ensemble du 1er corps de la Grande Armée. Davout va y établir son quartier général. Et nous, les soldats de la division Gudin, allons occuper la ville avec la division de cavalerie du général Bruyère.</span><span style="font-size: 130%;"></span><br />
<span style="font-size: 130%;"> </span><br />
<span style="font-size: 130%;"></span></div>
<span style="font-size: 130%;"><div>
Nous devons vivre des réserves du pays, ne pas toucher à nos approvisionnements, et <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjR1ueg4v0AtgV9dgdbX0vKH1GpVsxFNNhM0zlZkhTYchyphenhyphenFVgGQTklPWafSMCIDDh9AjBQ-cXrmENgjf8oro8cQwd2iyB1eOqABsfEY74tGpWI9BxtGhjKPszPL68wu3E8QKccKt_H5xLjl/s1600/lunettes+vertes+2.jpg"></a>surtout NE RIEN FAIRE qui pourrait alarmer les Russes…<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPvEvoGeyesdr0zL-S2rMp0jG1JxElsrKxYVle4zV_Toy_tM9yzwBN-RdoAdYmh9XFSl3y_T7WN2HXEd1HJRDv-D9EX2LBqjYqzTRftr2cOpNTtbj3RrqmrmqITtmw6wciJLEeWHi1neTs/s1600/lunettes+vertes++1+-+OK.jpg"><img alt="" border="0" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5733044001953911138" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPvEvoGeyesdr0zL-S2rMp0jG1JxElsrKxYVle4zV_Toy_tM9yzwBN-RdoAdYmh9XFSl3y_T7WN2HXEd1HJRDv-D9EX2LBqjYqzTRftr2cOpNTtbj3RrqmrmqITtmw6wciJLEeWHi1neTs/s320/lunettes+vertes++1+-+OK.jpg" style="cursor: pointer; float: right; height: 203px; margin: 0px 0px 10px 10px; width: 320px;" /></a></div>
<div>
<br />
Plus drôle que cette invitation à marauder, ce racontar colporté depuis la cour de Napoléon par un monsieur de Rambuteau. Il serait question d’approvisionner la Grande Armée en 400.000 masques et autant de lunettes vertes pour nous protéger de l’excès du froid en Russie et de l’éclat des neiges… Que vous me crussiez ou pas, depuis, <a href="https://www.facebook.com/media/set/?set=a.223047501128099.36278.100002685517945&type=3">j’en vois partout</a>…</div>
<div>
<br />
Enfin je me suis trouvé enrôlé d’office dans des manœuvres avec des soldats du 14e de ligne, sous la direction du terrible sergent Schnaps de l'artillerie de la Garde de la Grande Armée d'Alsace Lorraine. Et je n’y ai pas échappé : «<em>Vandevoorde, c’est quoi cette tenue ! Vous me ferez quatre jours."</em><br />
<iframe frameborder="0" height="270" src="http://www.dailymotion.com/embed/video/xq77ar" width="480"></iframe><br />
<a href="http://www.dailymotion.com/video/xq77ar_en-manoeuvres-avec-le-14e-de-ligne_creation" target="_blank">En manoeuvres avec le 14e de ligne</a> <i>par <a href="http://www.dailymotion.com/sjohnsson" target="_blank">sjohnsson</a></i></div>
</span><br /></div>
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
<span style="font-size: large;"><br /></span>Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-86800449950743832332012-04-03T09:19:00.008+02:002013-03-30T07:48:09.331+01:00Sur l'Oder<span style="font-size: large;">Je vous avais laissés alors que nous quittions notre cantonnement de Magdebourg. Ce n’est pas la marche au «<em>pas de route</em>» qui nous a causé de la fatigue mais le poids de notre armement, de nos cartouches et nos vivres. Il y en a pour 60 livres. Et moi, en plus, j’ai emporté le Voltaire de l’oncle d’Armentières. Pour le bivouac.</span> <br />
<div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizRbMsFMZLkpQz2S60LwJs4ZwQkb_oxrDLhCj7eR4e8b57bMffw9qk_ovcA9qaJK-58cb2QYBCLofqBA-qMRrLiGh8WMsXXa0lUjL66fKXkVfbIHxxL6lFyNUUo4SUOMit9x0im_Nb7Y_O/s1600/D%25C3%25A9part+1-4.jpg"><img alt="" border="0" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5727072664662821874" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEizRbMsFMZLkpQz2S60LwJs4ZwQkb_oxrDLhCj7eR4e8b57bMffw9qk_ovcA9qaJK-58cb2QYBCLofqBA-qMRrLiGh8WMsXXa0lUjL66fKXkVfbIHxxL6lFyNUUo4SUOMit9x0im_Nb7Y_O/s320/D%25C3%25A9part+1-4.jpg" style="cursor: pointer; float: right; height: 179px; margin: 0px 0px 10px 10px; width: 320px;" /></a><br />
<span style="font-size: large;">J’aime plutôt le «<em>pas de route</em>» par peloton ou par section et en prenant soin de </span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVjb6hp3YJb2vgvoCHcrCfZJsrli3eZlCVNESksk1zcWlmh_KtMwpMZpwnxcT4aVu57KSYOpY-gldMx6AYgKiM7hqmMXJrk6vMt9JQw95LEvT5dGgFjrtg-Qb4ofJgIP5IIaDUPXJozzqr/s1600/D%25C3%25A9part+1-4.jpg"></a><span style="font-size: large;">maintenir trois pieds de distance entre les rangs car on marche à l’aise : on porte l’arme comme on veut, on n’est pas tenu ni de marcher du même pied ni de se taire. A quelle vitesse le «<em>pas de route</em>»? Entre<br />
3 à 4 km à l’heure.</span></div>
<div>
<br />
<span style="font-size: large;">Et le 6 mars nous sommes arrivés à Stettin, une ville construite sur le fleuve Oder. Nous n’avons marché qu’une dizaine de lieues par jour. Aux blancs-becs déjà fatigués, les plus anciens racontent qu'en décembre 1805, notre général Gudin (César Charles Étienne Gudin de la Sablonnière) avait fait parcourir à ses soldats 28 lieues en 44 heures et qu’ils avaient combattu en arrivant...Quelle bataille? Austerlitz!</span></div>
<div>
<br />
<span style="font-size: large;">Nous, les soldats de la division de ce même Gudin, avons commencé à nous installer dans notre cantonnement de Stargard, une petite ville sur la rive droite de l’Oder. Et le général a formé un dépôt de malingres et d’estropiés pour les régiments. </span></div>
<div>
<span style="font-size: large;"> </span></div>
<div>
<span style="font-size: large;">A la veillée, j’ai repris le Voltaire de l’oncle d’Armentières à la page où il entame le récit de la deuxième campagne de Russie de Charles XII. Au début de l’année 1708, les Suédois ont passé le Niemen à deux lieux de Grodno. «<i>A la première nouvelle que les Suédois arrivent, le Czar sort par la porte du nord, et Charles entre par celle qui est au midi.» </i>Ces Russes semblent insaisissables.</span></div>
<div>
<span style="font-size: 130%;"><br />
<span style="font-size: large;"> Puis le Suédois ont commencé à avancer vers l’est, «</span><i><span style="font-size: large;">depuis Grodno jusqu’au</span> <span style="font-size: large;">Borysthène </span></i><span style="font-size: large;">» – qui s’appelle aujourd’hui le Dniepr - à travers des marais, des déserts, des forêts immenses. Dans des endroits qui sont cultivés écrit Voltaire «<i>on ne trouve point de vivres, les paysans enfouissent dans la terre tous leurs grains, et tout ce qui peut s’y conserver: il faut sonder la terre avec de grandes perches ferrées pour découvrir ces magasins souterrains</i>.. »</span></span></div>
<div>
<span style="font-size: large;"><br />
</span><span style="font-size: large;">Puis nous avons quitté Stettin en direction de la Vistule. C’était le 1er avril, le jour anniversaire de la mort de ma mère en 1798. J’avais à peine 11 ans. A l’état civil elle était prénommée Claire Bernadine. Mais j’ai fait inscrire Eléonore sur le registre du 21e. Avait-elle changé de prénom ou mon père l’avait-il remplacée ?</span></div>
<div>
<span style="font-size: large;">
</span><br />
<span style="font-size: large;">J’oubliais un fait important : notre corps Davout est devenu le 1er corps de la Grande Armée. Le 21e fait partie de la 3e division commandée par Gudin avec le 7e léger et le 12e de ligne. Il appartient à la brigade Longchamps. Nous sommes 4344 hommes.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: 130%;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
</div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-14585068822383805942012-03-04T18:16:00.007+01:002013-03-30T07:48:37.766+01:00Le passage de l'Elbe<div>
<br />
<div>
<br />
<div>
<div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5FVbD3xKRGLbpJ4rVhK4B76FGP-JrBGuncthFDU99_8QxeiLnVZ5FzX9x5uCklQnYRcgR7Vvo8wRC174tMA26rRpVbaU9EBrkzAQeGq246xLD35ymUfqO4MLDFpD5POpaGMwC1gdyip_5/s1600/Passage+Elbe4.jpg"></a><br />
<div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiB9gIXNW2iG1njGmvTqGCRo7OVy_4FI-DMd9Y6W50Q8i97sOktV4ONzHVBB0ZXz9nwjwx5WtwsXCqXpiABpE8EqdghQlSLHOiZ-wBZL7hZhaDVo-PjtQ2G20tiU7a-g3tL7f35SyXhPnbv/s1600/Passage+Elbe4.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="" border="0" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5716093811505970114" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiB9gIXNW2iG1njGmvTqGCRo7OVy_4FI-DMd9Y6W50Q8i97sOktV4ONzHVBB0ZXz9nwjwx5WtwsXCqXpiABpE8EqdghQlSLHOiZ-wBZL7hZhaDVo-PjtQ2G20tiU7a-g3tL7f35SyXhPnbv/s200/Passage+Elbe4.jpg" style="float: right; height: 146px; margin: 0px 0px 10px 10px; width: 200px;" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le passage de l'Elbe (illustration présumée <br />
d'époque)</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: 130%;">Nous, les soldats de la division Gudin, avons quitté notre cantonnement de Magdebourg ce 29 février 1812 à l’aube, le havresac débordant de quatre jours de pain, quatre jours de biscuit et deux de riz. Avec tout notre équipement, l’armement et les cartouches, il y en a pour 60 livres.</span><br />
<span style="font-size: 130%;"> Et moi, en plus, j’ai emporté le Voltaire de l’oncle d’Armentières. Pour le bivouac.</span></div>
<div>
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0svdC9szR4GjqzkhpMVAlu926trIp7v7R6O9UUviPZSb0FW59uzxCtv0TFMPAvepgLt8UKDZ830PNhB0qYhlqFD7NPe2V-ow8z_CIdW3FNwsrHeNpdbTAG26B8xrJiUE4OO7A6mtVDDSW/s1600/Cinq+mars.jpg" style="clear: left; float: left; height: 176px; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; width: 210px;"><img alt="" border="0" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5716094271486654130" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0svdC9szR4GjqzkhpMVAlu926trIp7v7R6O9UUviPZSb0FW59uzxCtv0TFMPAvepgLt8UKDZ830PNhB0qYhlqFD7NPe2V-ow8z_CIdW3FNwsrHeNpdbTAG26B8xrJiUE4OO7A6mtVDDSW/s200/Cinq+mars.jpg" style="float: left; height: 150px; margin: 0px 10px 10px 0px; width: 200px;" /></a><span style="font-size: 130%;">Puis nous avons passé l’Elbe. Et depuis nous marchons au «pas de route», par peloton ou par section et en prenant soi<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYe3z7hZQF-5U3638JMTCESO8UuxiCd9AmUvzMCJ5LQXNtUJnGVDd5hlfA_txQvYhcmCdlWLwCYzvrRUyzj0kRbWf0kLj5m0jbsvqpP2KkkVVH3iEZYaSiSmh_ZTJYBiIuNulB_QS8tsyK/s1600/Cinq+mars.jpg"></a>n de maintenir trois pieds de distance entre les rangs. J’aime ce « pas de route » car on marche à l’aise : on porte l’arme comme on veut, on n’est tenu ni de marcher du même pied ni de se taire. </span></div>
<div>
<span style="font-size: 130%;">A quelle vitesse le «pas de route»? Entre 3 à 4 km à l’heure.</span></div>
<div>
<span style="font-size: 130%;"> Nous ne devrions pas tarder à rallier Stettin.<br />
</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><br />
<br />
</span></div>
</div>
</div>
</div>
</div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-91445973709101646392012-02-16T16:22:00.007+01:002013-03-30T07:49:23.664+01:00Toujours à Magdebourg<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfyzfsbHnxM08GVoe9aH2-MY1a8PvBs4SG1sVP0QWP670l9myPDPR57kBvIhcblMrxlNambLmPN5-QmZPVhf3ockzXOizDGzCMwZn4nL0bXYKdSfrBw43vTlnFhU_41IoBPoIjLgvWCdf0/s1600/Narva.jpg"><img alt="" border="0" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5709755720598245842" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfyzfsbHnxM08GVoe9aH2-MY1a8PvBs4SG1sVP0QWP670l9myPDPR57kBvIhcblMrxlNambLmPN5-QmZPVhf3ockzXOizDGzCMwZn4nL0bXYKdSfrBw43vTlnFhU_41IoBPoIjLgvWCdf0/s400/Narva.jpg" style="cursor: pointer; float: right; height: 257px; margin: 0px 0px 10px 10px; width: 400px;" /></a><br />
<div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHrSsV6OutFE0X21JYz1QLlCSRnCdWU4C0P7TXYjWRliOv5vpx2nWjhIRVlHAx-MeZZxAw2opukBaQdHY-Rtj23vZgSCqbzQQsFK44u-TbLHgs9u9AkN6CGY3-aDsa-BlRk1U-nQL1P6k3/s1600/Narva.jpg"></a><br />
<div>
<br />
<span style="font-size: 130%;">J’avoue que je ne pensais pas pouvoir vous adresser ce nouveau message depuis l’Allemagne. On m’avait confié sur la foi du secret que nous allions faire mouvement très bientôt. En direction de la Vistule. Mais voilà nous sommes restés. </span></div>
<div>
<span style="font-size: 130%;"></span> </div>
<div>
<span style="font-size: 130%;">Il se dit maintenant qu’il n’y aura pas de guerre. Que <span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 14pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">«</span><em>tout s’arrange</em><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 14pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">»</span>. Tout le corps est en rumeur. La dernière ? Que l’Empereur a donné des ordres pour que dans tous les régiments il y ait à chaque ordinaire une marmite et un bidon. Et que chaque homme ait son petit bidon… Et on s’est moqué d’un camarade qui avait compris <span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 14pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">«</span><em></em><em>petit bedon</em><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 14pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">»</span> ce que nous, les soldats de Davout, n’aurons jamais…</span></div>
<div>
<span style="font-size: 130%;"><br />
J’ai donc repris mon livre de Voltaire pour compter à mes camarades la bataille de Narva. Mais avant, je leur ai lu la description des Russes de cette époque : ils sont <span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 14pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">«</span><em>robustes, infatigables, peut-être aussi courageux que les Suédois</em><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 14pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">»</span>. Mais la plupart sont <span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 14pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">«</span><em>des barbares arrachés à leurs forêts, couverts de peaux de bêtes sauvages, les uns armés de flèches, les autres de massues: peu avaient des fusils…</em><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 14pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">»</span></span><span style="font-size: 130%;"></span><br />
<span style="font-size: 130%;"> </span><br />
<span style="font-size: 130%;"></span></div>
<span style="font-size: 130%;"><div>
<br />
La bataille de Narva, c’était le 15 novembre 1700 : 20.000 soldats suédois menés par Charles XII marchent vers la ville protégée par 80.000 Russes, 30.000 étant en route pour leur prêter secours. Et Le 22 du même mois, après une petite journée de combat, les soldats du Czar annoncent leur reddition. <br />
<br />
Le pourquoi d’une si facile victoire? Parce qu’avant même leur arrivée, selon Voltaire, l’Empereur de la Russie quitta la ville soit-disant «<em> pour aller chercher un nouveau corps de troupes, qui pouvait très bien arriver sans lui…</em><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 14pt; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">»</span></div>
<div>
<br />
Partir avant la fin d'une bataille, ce n'est pas Napoléon qui ferait ça!</div>
<div>
Mais cela est de très bon présage pour notre campagne à nous...</div>
</span><br />
<div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><br />
<br />
</span></div>
</div>
Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-489990903378052462012-01-25T15:00:00.007+01:002013-03-30T07:50:11.362+01:00Rumeurs de départ<span style="font-size: 130%;">Joseph François Xavier Castrique, <a href="http://ouestuvandevoorde.blogspot.com/2010/11/le-rentier-darmentieres.html">mon grand-oncle d’Armentières</a> dont le très grand âge justifie sans doute la vive inquiétude m’a fait parvenir le récit par Voltaire de la vie de Charles XII de Suède afin que je connaisse mieux la Russie, ses habitants et ses périls extrêmes. </span><br />
<span style="font-size: 130%;"></span><br />
<span style="font-size: 130%;">Je l’avoue : j’ai d’abord ronchonné en découvrant ce livre, j’aurais préféré du tabac pour ma pipe et comme si j’avais le temps de lire…avant de m’y attaquer et de le trouver fort drôle : j'y ai lu que les Russes commencent l’année le 13 septembre parce qu’ils jugent "</span><span style="font-size: 130%;"><em>vraisemblable que Dieu avait créé le monde en automne, dans la saison où les fruits de la terre sont dans leur maturité." Et ils se servent pour compter de « petites boules enfilées dans des fils"</em>.</span><br />
<br />
<span style="font-size: 130%;">Et ils le font tous ! Voltaire écrit qu’il n’y a pas "<em>d’autre manière de compter dans tous les bureaux de recettes et dans le trésor du czar"</em>.</span><br />
<br />
<span style="font-size: 130%;">Avec ces histoires, j’ai distrait un peu mes camarades peu pressés de partir en campagne. Et pourtant c’est pour bientôt. Je peux vous confier qu’il se dit que nous allons bientôt faire mouvement. L’Empereur a donné l’ordre. Les 9 divisions du corps d’observation de l’Elbe doivent toutes être passées sur la rive droite du Rhin dans le courant de février…</span><br />
<br />
<span style="font-size: 130%;">Il se dit aussi que les poltrons qui se croyaient à l’abri dans les dépôts vont avoir de l’eau jusqu’au cou. Ils ont appris qu’ils allaient être envoyés renforcer les compagnies de pontonniers... Ha ! ha ! ha <br />
</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><br />
<br />
</span>Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-38543362755062760922012-01-06T15:20:00.006+01:002013-03-30T07:50:37.135+01:00Bientôt de retour à Lille?<div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie3shMv2QnoPbKFsmEZ5-NlASZunYfMxzQCDky9-Y3zM2bpl_wckewYPJpQgMTCvMfpo67Nr4fp2VA1U0C28gHQ4UuH-lqaeFfkGTshjvamouwV7Roj8NHrF1thqJ42QEYtDFecRmb2mKi/s1600/Voeux+Napol%25C3%25A9on.jpg"><span style="font-size: 130%;"></span></a><span style="font-size: 130%;">En ce début d'année 1812, je suis sans doute un peu optimiste mais en février j'aurai déjà passé cinq ans à l'armée: pourquoi ne pas rêver à un retour à la vie civile.<br />
</span><br />
<div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie3shMv2QnoPbKFsmEZ5-NlASZunYfMxzQCDky9-Y3zM2bpl_wckewYPJpQgMTCvMfpo67Nr4fp2VA1U0C28gHQ4UuH-lqaeFfkGTshjvamouwV7Roj8NHrF1thqJ42QEYtDFecRmb2mKi/s1600/Voeux+Napol%25C3%25A9on.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" border="0" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5694523936434669522" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie3shMv2QnoPbKFsmEZ5-NlASZunYfMxzQCDky9-Y3zM2bpl_wckewYPJpQgMTCvMfpo67Nr4fp2VA1U0C28gHQ4UuH-lqaeFfkGTshjvamouwV7Roj8NHrF1thqJ42QEYtDFecRmb2mKi/s320/Voeux+Napol%25C3%25A9on.jpg" style="height: 314px; margin-top: 0px; width: 184px;" /></a><span style="font-size: 130%;">Et pourtant les mauvaises nouvelles ne manquent pas.<br />
Ainsi nous avons appris que Napoléon avait ordonné à sa Garde de se préparer pour entrer en campagne.<br />
Puis que 120.000 conscrits allaient être appelés sous les drapeaux en 1812. 120.000 "jolis garçons" qui vont chanter sur la route, après avoir été "tirés au sort, tirés au sort, tirés au sort" pour être "conduits à la mort". </span></div>
<div>
<br />
<span style="font-size: 130%;">Pour Noël, l’Empereur nous a fait expédier à nous qui sommes à Magdebourg et à ceux de Dantzig. 3000 carabines, 2000 paires de pistolets, 2000 sabres de cuirassiers, 2000 sabres de hussards et de chasseurs, 500 sabres de dragons et 1000 haches d’infanterie. Plus des pièces de rechanges pour 15.000 fusils français qui ne doivent être distribuées que sur ses ordres. </span></div>
<div>
<br />
<span style="font-size: 130%;">Enfin j’ai su d’un commis au magasin d’habillement que l’ordre avait été donné que nous ayons chacun une paire de chaussures pour marcher, deux à porter dans le havresac et enfin m’a-t-il dit en imitant la grosse voix de son chef, une quatrième qui devra être transportée à la suite du régiment pour remplacer celle qui aura été usée dans la route. Ou ce seront des souliers à semelles en carton… ou l’Empereur compte vraiment sur nos jambes pour conquérir le monde …<br />
Ce n’est pas avec ces chaussures là que je rentrerai chez moi….<br />
</span></div>
</div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><br />
<br />
</span>Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-77279906640417485802011-11-29T18:03:00.004+01:002013-03-30T07:51:45.889+01:00Epuisantes manoeuvres<div>
<br />
<span style="font-size: 130%;"><span style="font-size: small;"> </span></span><br />
<span style="font-size: 130%;"></span><br />
<span style="font-size: 130%;"><div class="MsoNormal" style="margin: 1em 0cm;">
<span style="font-size: large;">Exténués, épuisés, fourbus. Voilà comment nous sommes aujourd’hui nous <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>les soldats du 21e. Et peut-être même <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>ceux de l’ensemble <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>du 3e corps.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas en guerre que les officiers nous laissent vivre dans la fainéantise. De cinq heures du matin à six heures du soir, il y a l’instruction, les exercices et les manœuvres au pas ordinaire puis au pas oblique, avec ou sans armement et quand c’est fini ça recommence. La terreur des généraux : une inspection surprise de Davout qui lui semble vouloir que toute son armée puisse partir à la guerre demain. </span></div>
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1em 0cm;">
</div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTPKke1uveWO2BXqbPfYMmmR82uA5WpsZYgWUUaiTA6kQqwcn0dnkOz_xb51-cY6BQv1DHkAOQcNqCw3DGIjJ0kihEGuLzlm5jfQvvwTD82WI6JNl0BPEnUXGstVYnu4vJxYnlqxsWVA81/s1600/6soldats-deux.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img alt="" border="0" height="237" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5680463992324127970" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTPKke1uveWO2BXqbPfYMmmR82uA5WpsZYgWUUaiTA6kQqwcn0dnkOz_xb51-cY6BQv1DHkAOQcNqCw3DGIjJ0kihEGuLzlm5jfQvvwTD82WI6JNl0BPEnUXGstVYnu4vJxYnlqxsWVA81/s400/6soldats-deux.jpg" style="float: left; height: 190px; margin: 0px 10px 10px 0px; width: 320px;" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Et quand c'est fini, ça recommence sj</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: 130%;"></span><br />
<span style="font-size: 130%;"> Les conscrits en bavent à apprendre le port d’armes comme le</span><br />
<span style="font-size: 130%;"> prescrit le règlement de 1791 : «<em>L'arme dans la main gauche, le bras très peu ployé, le coude en arrière et joint au corps sans le serrer , la paume de la main serrée contre le plat extérieur de la crosse, son tranchant extérieur dans la première articulation des doigts, le talon de la crosse entre le premier et le second doigt , le pouce par-dessus, les deux derniers doigts sons la crosse, qui sera appuyée plus ou moins ta arrière, suivant la conformation de l'homme, de manière que l'arme vue de face, reste toujours perpendiculaire, et que le mouvement de la cuisse en marchant ne puisse pas la faire lever ni vaciller.»</em></span></div>
<div>
<span style="font-size: 130%;"><em><br />
</em>A lui tout seul, le maniement de notre fusil impose un long apprentissage.<br />
Et pour le bastringue et autres distractions, il n’y a plus que les racontars des vieux briscards. Car nous qui occupons l’Allemagne, nous ne sommes pas cantonnés en ville mais en pleine campagne où nous marchons, marchons, marchons…<br />
</span></div>
<span style="font-size: 130%;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><br />
<br />
</span>Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-76407989869384516932011-11-22T09:18:00.003+01:002013-03-30T07:52:38.542+01:00En guerre contre la Prusse?<span style="font-size: large;">Je vous le confie dans le plus grand secret : depuis quelques jours, c’est le branle-bas de combat dans le bureau du général d’artillerie. On dit qu’il y a jusque sur le sol des relevés topographiques, des états de situation des régiments et des poudres et boulets. Chacun s’affaire avec diligence. Napoléon aurait ordonné à Davout de se préparer à faire la guerre contre la Prusse. Discrètement. Donc motus…</span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">Avant de repartir en campagne, et sans être devenu moi-même un versificateur, j’ai amusé mes compagnons avec cette fable qui a été lue, c’est le Moniteur qui l’écrit, à la séance de l’Institut impérial :</span><br />
<br />
<span style="font-size: large;">«</span><i><span style="font-size: large;">Sans la pièce de bœuf, il n’est point de dîné<br />
Combien, en fait de bœuf, n’a-t-on point raffiné :<br />
En plus de cent façons je crois qu’il s’accommode<br />
L’un veut qu’en miroton le bœuf soit mitonné<br />
Moi j’aime le bœuf à la mode<br />
Le bœuf grillé en Espagne, en Allemagne il bout<br />
A la Chine en France partout…»<br />
</span></i><br />
<span style="font-size: large;">Nous avons ri de ces messieurs de Paris… avant de regagner nos paillasses sales avec dans nos rêves cette nuit là les doux fumets de bœuf mitonné, bœuf grillé et bœuf bouilli…</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><br />
<br />
</span>Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-70439660645241732792011-11-08T09:42:00.006+01:002013-03-30T07:53:09.683+01:00La première dent du roi de Rome<div>
<br />
<div>
<div>
<span style="font-size: 130%;">Je me demande bien quelle idée de notre époque se feront ceux qui liront le Moniteur dans 200 ans.<br />Ainsi à savourer dans le journal du 7 novembre, cette adresse à Napoléon de passage à Düsseldorf du flagorneur comte de Westerholt-Oberhausen : «<em>Nous supplions Votre Majesté de continuer à nous gouverner ; c’est lui demander de continuer à nous rendre heureux.»</em></span></div>
<div>
<br />
<span style="font-size: 130%;">Dans un autre genre, dans l’édition du 19 octobre, la liberté de paraitre des feuilles périodiques d’affiches, annonces et avis divers mais seulement dans une série de villes de l’Empire et sans «<em>aucun article de nouvelles politiques ou de littératures</em>».<br />C’est dangereux la littérature ?</span></div>
<div>
<br />
<span style="font-size: 130%;">Enfin en première page de l’édition du 25 octobre, la première dent du Roi de Rome.<br />C'est la crise – un conscrit d'Arras affirme que les campagnes sont pleines de mendiants et de vagabonds - une nouvelle guerre se prépare à grands renforts de soldats...et que lis-je : un article sur la première dent d'un bébé! Même si ce n'est pas n'importe quel enfant puisque c'est le royal fils de Notre Empereur!</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQfNFBQws7SvLQEcNcMdF-o0bBYAmtxfTAGlRw9rZNrSqiJKAGwHyza71Y74Ve5MavfAgVYG8slljtSSbseRJpJc5M7_R9sjHj8vvlZiDBP4-ey6uD4IABeU84WYymInQeQjc_TW6wFBW9/s1600/1ere+dent.jpg"><img alt="" border="0" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5672547565213995730" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQfNFBQws7SvLQEcNcMdF-o0bBYAmtxfTAGlRw9rZNrSqiJKAGwHyza71Y74Ve5MavfAgVYG8slljtSSbseRJpJc5M7_R9sjHj8vvlZiDBP4-ey6uD4IABeU84WYymInQeQjc_TW6wFBW9/s320/1ere+dent.jpg" style="cursor: pointer; display: block; height: 122px; margin: 0px auto 10px; text-align: center; width: 320px;" /></a></div>
<div>
<span style="font-size: 130%;">Comme on dit chez nous: "I vaut miux d’rire que d'braire".</span></div>
</div>
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
<span style="font-size: large;"><br /></span>Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-31418986288527642112011-10-19T09:52:00.003+02:002013-03-30T07:53:47.417+01:00L'Empereur et le savon<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpZCR_SgoiN4HT9dl_aGZUJ_sV7itOxQ4oHLH3XhX-yzjcGNOTd-HNtdyWnoTumMBF1ReBVqxEDSSZp1MkiZQ2NQUKspVh1fR1Q7zYbR80_n0AalnJAoQc9ZgTeXzZ5Euj18XurVk6O2-s/s1600/entrainement2.jpg"><img alt="" border="0" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5665109231947203842" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpZCR_SgoiN4HT9dl_aGZUJ_sV7itOxQ4oHLH3XhX-yzjcGNOTd-HNtdyWnoTumMBF1ReBVqxEDSSZp1MkiZQ2NQUKspVh1fR1Q7zYbR80_n0AalnJAoQc9ZgTeXzZ5Euj18XurVk6O2-s/s320/entrainement2.jpg" style="float: left; height: 230px; margin: 0px 10px 10px 0px; width: 320px;" /></a><br />
<br />
<div>
<span style="font-size: 130%;">J'en aurais long à vous conter mais le temps me manque, moi un presque vétéran, sous prétexte que j'ai déserté quelques mois, j'ai dû reprendre l'instruction…<br />
<br />
J’ai quand même copié pour vous dans le Moniteur de cette semaine un décret consacré à la marque qui doit figurer sur les savons sous peine de poursuites «<em>devant nos cours et tribunaux comme matières de police</em>… » Cette marque «<em>pour le savon fabriqué à l’huile d’olive sera de forme concave ovale et portera dans le milieu, en lettres rentrées, ces mots : huile d’olive. Celle pour le savon à l’huile de graines sera de forme concave carrée…Et celle pour le savon au suif ou à la graisse sera de forme concave triangulaire</em>…» Je vous passe les détails… </span></div>
<br />
<div>
<span style="font-size: 130%;">Et qui a signé ce décret? Napoléon, empereur des Français, roi d’Italie protecteur de la confédération du Rhin, médiateur de la confédération suisse etc etc etc … </span></div>
<br />
<div>
<span style="font-size: 130%;">Quand je vous dis qu’IL s’occupe de tout.<br />
Et si le pape l’avait signé, on aurait parlé d’une bulle…<br />
<br />
Nous avons aussi beaucoup ri de l’arrestation au Théâtre des Variétés d’un déserteur du 24e régiment de l’infanterie légère. Il était déguisé en femme… </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
<span style="font-size: large;"><br />
</span>Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7117124240980714655.post-63274343646497880502011-09-27T15:03:00.012+02:002013-03-30T07:54:47.312+01:00Je ne suis plus déserteur<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">J’leu fait, je suis toujours vivant et je ne traine pas de boulet au pied ! J’ai réintégré le 21e de ligne aujourd’hui. Je manquais à l’appel depuis le mois de février. Vous le savez certainement, les déserteurs risquaient dans l’ordre de gravité : la mort, le boulet – marcher avec un boulet de calibre huit attaché par une chaine à la jambe gauche, vous pouvez essayer ce n’est guère commode – et dans tous les cas, une amende. </span><br />
<br /><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">
Mais il semble bien que j’ai été accueilli à bras ouverts. Et pourtant, aucune amnistie n’avait été décrétée en ce mois de septembre 1811.<br />
La seule explication : les rumeurs qui font tant parler dans les</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjk_TMceKGsLdh7v4oWZy5jQsSiADcUHopVoLkNrTcOGi975TGs29ZuU_S86lxbdqMJALR4QYlnZs3JVyQ9IkgMyZ2Ebz-Hlispc5_EnVXiS7u1LuTIjem6KVNVoAnwSQcixTHCiQmXiS-p/s1600/deserteur1.jpg"></a><span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"> chambrées d’une campagne qui pourrait conduire l’armée en Russie…</span>
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<img alt="" border="0" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5657029930178761410" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicT8bodMSNZM9uYtH9XkeYxP8KBImP8SXvp_cDkOEWP__j-jP1wIdHQHqP7ay-9fRvB4fm6WbSa8IVHa_TBs45XHQFi_YThVTnt4YYUAGu-f409oBWGLydLcv2i3Aa-JePuktaBlyvB6YM/s400/d%25C3%25A9serteur-grand.jpg" style="display: block; height: 262px; margin: 0px auto 10px; text-align: center; width: 400px;" /><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">La seule conséquence pour moi de ma désertion, elle est inscrite sur le registre du régiment : le changement de mon matricule. J’avais le numéro 5559, je suis désormais le 5085 ! Vous pouvez le noter. </span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Times, "Times New Roman", serif; font-size: large;">Je me demande bien ce qu’est devenu le gars qui portait ce numéro là auparavant. En tout cas moi j’ai arrosé ça avec mes camarades retrouvés puisque j’ai été réincorporé dans le même 2e bataillon. </span><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s1600/Signature-blanc.png" imageanchor="1"><span style="font-size: large;"><img border="0" height="50" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXolXLajNSMsYd9YCu56ZmuAQuuMdTyryXIXtolSPxNcwZhjOVTNdzjt1A2GoAlS8WxGUGZ_RekgXdJW5PcQ5-iZas-TF_ONyoUYjFam4PA0uHHVaHJPC0ohkIGZLCweljJw3ul8_V1A/s200/Signature-blanc.png" width="200" /></span></a></div>
<span style="font-size: large;"><br />
</span>Vandevoorde, fusilier au 21e de lignehttp://www.blogger.com/profile/00292606944604646524noreply@blogger.com0