30.8.11

Il se dit que le 15 août, devant sa Cour réunie aux Tuileries, l’Empereur a foudroyé de sa colère l’ambassadeur du Czar à propos de la Pologne dont il ne veut céder «un pouce du territoire». D’après un colporteur qui le tenait de la sœur de la femme de chambre d’un diplomate, Napoléon a hurlé qu’il ne reculerait pas…même si les armées russes campaient sur les hauteurs de Montmartre. Les armées russes à Paris? Je me demande parfois comment l’Empereur fait pour imaginer des évènements aussi invraisemblables. Ou alors c’est le colporteur qui abuse de l’eau-de-vie…

Toujours est-il que le Russe Kourakine – qui lui est déjà à Paris - a eu tellement peur, dit-on, que ses suées ont dégouliné jusqu’à la Seine.

Encore plus étonnant, le lendemain du jour où on m’a rapporté le récit du colporteur, je croise une connaissance et nous reparlons de l’impériale colère du 15 août. Un dialogue de sourd ; cet ami avait lui aussi entendu parler d’une colère de Napoléon ce 15 août mais contre Montalivet, le ministre de l’intérieur et à propos des mauvaises récoltes de l’année, et du peuple qui devait pouvoir avoir du pain, beaucoup et bon marché… «Et de qui donc, Monsieur, croyez-vous que nous nous occupons ?…des riches !»




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23.8.11

Ce n’est pas parce que j’ai déserté en février dernier que je ne me tiens pas au courant des affaires de l’armée. Avec un peu de retard…Un blanc-bec effrayé (ce doit être un pléonasme) croisé dans la ville m’a ainsi parlé du seul sujet des conversations au début de ce mois d’août dans les chambrées : le départ à marche forcée de 88 « mauvais sujets » de l’armée d’Allemagne vers le terrible bataillon de prisonniers de l’ile de Walcheren en Zélande. Ils ne voulaient sans doute pas y aller ; cette ile est maudite, célèbre pour les fièvres qui ont tué des milliers de soldats anglais il y a deux ans. On savait dans les rangs que les colonels cherchaient à se débarrasser de ces « mauvais sujets ». Davout avait même écrit à Napoléon pour le lui dire. L’Empereur – qui s’occupe de tout, vraiment de tout - a donné l’ordre. Mieux : il s’est même préoccupé du cas de Bopping, ce soldat du 128e régiment qui voulait conserver la médaille d’argent qu’il avait obtenu pour action d’éclat au service de la Westphalie : « On peut le laisser porter sa médaille » a écrit Napoléon magnanime.
Mais je repense avec effroi à l’ile de Walcheren : dans l’esprit de l’Empereur, un déserteur : c’est un « mauvais sujet »?


17.8.11

Souvenirs heureux de la Saint-Napoléon à la casaire*. Les tirs à la cible bien souvent ratés, le mât de cocagne encore luisant de graisse, les courses, les pugilats qui finissaient parfois mal et surtout un quart de pot de vin pour chaque homme.**
Je ne peux pas vous en dire davantage ; cette année, je n’y étais pas.

Pas plus qu’à Paris où on m’a dit que le préfet de police avait interdit les bains froids en amont du pont de la Concorde, de monter sur les arbres des Champs Elysées, de vendre, d’acheter ou de tirer des fusées, pétards, bombes et autres pièces d’artifices dans les rues et aux pompiers de quitter leurs pompes… Comment s’amuser alors ? Mais quand même ; pour la joute sur la rivière entre le pont Royal et le pont des Tuileries et le tir d’un grand feu d’artifice place de la Concorde, c’était là qu’il fallait être. Qui sait, peut-être l’année prochaine ?


*La caserne
** Pour en savoir plus…

11.8.11

En ce mois d’août de 1811 d’il y a deux cents ans, cela fait plusieurs mois que j’ai déserté. Je ne sais plus bien pourquoi, le mal du pays, l’envie de revoir ma promise, ou bien les premiers bruits annonciateurs d’une campagne en Russie. A l’époque, le 21ème de ligne que j’avais rejoint en février 1807 à Juliers en Rhénanie, tenait garnison à Madgebourg…